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ALCATEL-LUCENT VEUT DONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À SON RÉSEAU SOCIAL INTERNE

Pratiques | publié le : 29.11.2011 | JOSÉ GARCIA LOPEZ

Liberté de parole, partage d’informations, décloisonnement… la plate-forme sociale et collaborative de l’équipementier en télécoms a fait ses preuves. Le groupe veut aujourd’hui en élargir l’assise et redonner du punch à ses contributeurs.

« Au lancement du projet, nous ne savions pas quelles seraient les réactions ni les usages des utilisateurs », rapporte Stéphane Lapeyrade, responsable des médias sociaux d’Alcatel-Lucent. Offrir un espace de libre expression à 78 000 salariés, sans modération a priori des échanges, a en effet de quoi donner des sueurs froides à un communicant.

Plus serein depuis l’ouverture de la plate-forme Engage, Stéphane Lapeyrade constate une sorte d’autorégulation de ce réseau : « Très peu de dérives ont été constatées, explique-t-il. L’absence d’anonymat responsabilise les contributeurs ». De fait, les salariés du groupe se montrent plutôt friands du dispositif participatif : 58 000 utilisateurs inscrits, 25 000 connectés par mois, 12 000 personnes actives et près de 4 000 communautés… Chacun dans l’entreprise peut s’inscrire à des groupes ou en créer, quelle qu’en soit la thématique, professionnelle ou personnelle. Comme sur Facebook, Viadeo ou LinkedIn, les salariés peuvent personnaliser leur profil en détaillant leur parcours, expertises, compétences et centres d’intérêts, professionnels et privés et en ajoutant des photos.

« La communication dans notre groupe a pour particularité d’être très ouverte », note Julien Cotte, HR community manager, animateur de la communauté virtuelle des ressources humaines. Le projet de réseau social interne, lancé par la direction de la communication, découle de la réorganisation du groupe franco-américain. Aux commandes d’Alcatel-Lucent depuis 2008, Ben Verwaayen a impulsé une nouvelle relation avec les salariés. Chaque collaborateur peut, par e-mail ou lors de chats, adresser directement ses questions et ses suggestions au DG, qui y répond personnellement. Par la suite, la possibilité de commenter librement les informations diffusées sur l’intranet a encore élargi la brèche. Lancé en juin 2010, Engage s’inscrit dans cette lignée d’échanges directs non filtrés. Aujourd’hui, le DG intervient régulièrement sur la plate-forme et incite les salariés à y prendre la parole.

Parmi les apports majeurs du réseau, Julien Cotte note qu’Engage « permet de décloisonner et casser les silos ». La mise en commun des connaissances et des expertises faciliterait ainsi le partage des informations et l’innovation dans l’entreprise. L’outil impacte donc aussi le management : « Une nouvelle culture managériale se crée dans laquelle les responsables d’équipes deviennent des animateurs plutôt que des contrôleurs. »

Révéler des talents non détectés

Côté ressources humaines, Engage change aussi la donne : « Il ne s’agit plus de relayer un message officiel mais de participer aux discussions, d’y exprimer le point de vue des RH et d’expliquer notre politique », précise le community manager.

Lequel considère les renseignements fournis par les salariés dans leur profil comme des gisements permettant de révéler des talents non détectés. Encore faut-il convaincre les salariés de mettre à jour ces informations. Et la tâche est difficile, reconnaît l’animateur. D’autant que sur Engage, le nombre d’utilisateurs actifs se stabilise, tout comme le pourcentage de contributeurs qui plafonne à 5 à 6 %… Reste aussi à convaincre les quelque 20 000 salariés qui, dans le groupe, ne sont pas connectés sur la plate-forme. Pour doper l’audience et les contributions sur Engage, faut-il maintenant en « renforcer la gouvernance », réguler davantage, communiquer plus ? Telles sont les questions que se pose aujourd’hui Stéphane Lapeyrade. De son côté, la DRH souhaite ouvrir l’outil aux partenaires sociaux. Pascal Guihéneuf de la CFDT reconnaît que le réseau fournit un vrai espace de liberté aux salariés.

« Reste à savoir comment on pourra s’y exprimer en tant que syndicat », observe-t-il. Ce sera tout l’objet des négociations qui s’ouvriront sur ce thème en décembre prochain.

Auteur

  • JOSÉ GARCIA LOPEZ