logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Actualités

Le e-learning séduit moins la France que ses voisins européens

Actualités | publié le : 06.12.2011 | LAURENT GÉRARD

Image

Nombre de salariés suivant une formation e-learning en 2010 et 2012

Crédit photo LAURENT GÉRARD

Les entreprises britanniques, espagnoles, hollandaises et belges utilisatrices de e-learning emploieront davantage cette formule pédagogique en 2012, alors que leurs homologues françaises sont moins motivées, selon une étude CrossKnowledge-Ipsos Loyalty publiée ce 6 décembre.

En 2012, 51 % des entreprises britanniques aujourd’hui utilisatrice de e-learning pensent qu’elles formeront via cette modalité pédagogique plus de la moitié de leurs salariés : c’est plus du double du taux de réponse de leurs homologues françaises ! Les prévisions de recours au e-learning sont également plus fortes en Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique qu’en France. Seule l’Italie est moins motivée que l’Hexagone. Tel est l’un des constats majeurs de l’étude Ipsos Loyalty pour le compte de la société française de e-learning Crossknowledge, rendue publique ce 6 décembre. Les 511 responsables formation interrogés en France, au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie aux Pays-Bas et Belgique (réunis en PB + B dans les tableaux) sont tous utilisateurs et prescripteurs de e-learning ; certes, à des degrés différents, mais tous ont franchi le pas de la première application concrète en entreprise.

Royaume-Uni : avancée quasi-systématique

Ces entreprises ont adopté le e-learning depuis plus de trois ans dans 52 % des cas en moyenne européenne, mais ce chiffre varie de 64 % pour les Pays-Bas et la Belgique à 36 % pour l’Italie. Étonnamment, alors que le Royaume-Uni affiche un taux d’ancienneté inférieur à la moyenne (48 %), tout le reste de l’étude témoigne de son avancée quasi-systématique dans l’ensemble des pratiques de e-learning comparativement aux autres pays : le mûrissement de cette modalité pédagogique semble donc être particulièrement vif de l’autre côté de la Manche.

En 2010, le taux d’entreprises déclarant former plus de 50 % de leurs salariés via e-learning y était le plus élevé : 39 %, contre une moyenne européenne de 30 %, et une dernière place à 17 % pour la France. Conséquence : c’est aussi au Royaume-Uni que les entreprises interrogées envisagent le plus nettement un recours important au e-learning en 2012.

Différences culturelles

Comment expliquer cette frilosité hexagonale ? Selon le tableau comparatif des facteurs de succès et des freins (voir ci-contre) réalisé par l’étude, d’importantes « différences culturelles » justifieraient ce constat. Autant les responsables formation britanniques insistent sur « la qualité pédagogique », « l’adéquation des contenus » et « les problèmes informatiques », autant leurs homologues français pointent « le suivi des apprenants », « l’implication du management de proximité » et « la résistance culturelle » comme facteurs de réussite ou d’échec.

Mais au-delà de l’aspect culturel qui peut paraître discutable ou, du moins, assez peu objectivable, une autre série de raisons semble provenir des pratiques et des indicateurs de mesures des effets aujourd’hui utilisés par les uns et les autres. Il est frappant de constater combien les responsables de formation français disent suivre « le nombre d’heures de formation en e-learning » (69 %) et « le taux de connexion » (60 %), alors que, pour leurs homologues britanniques, ces indicateurs ne semblent pas pertinents (34 % et 15 % d’usage).

Mesure des effets

À l’inverse, les Britanniques insis­tent sur « les enquêtes de satisfaction » (63 % contre 56 % pour les Français), « le taux de “complé­tion” », c’est-à-dire de parcours fini (63 % contre 56 %) et, surtout, « le gain de compétences mesuré via des questionnaires d’autodiagnostics » (36 % contre 23 %). Les indicateurs de mesure britanniques semblent donc plus analytiques et plus qualitatifs. D’ailleurs, cette tendance se confirme dans les entreprises où le taux d’usage de e-learning dépasse 10 % des salariés. Respectivement, les enquêtes de satisfaction, le taux de “complétion” et les questionnaires d’autodiagnostic y atteignent des scores de 70 % pour les deux premiers et de 43 % pour le dernier !

Le e-learning tend donc à se développer chez ceux qui l’utilisent déjà, et leurs modalités de suivi deviennent de plus en plus qualitatives avec le temps.

Baisser les coûts de la formation

« Quels sont les objectifs que vous assignez prioritairement au e-learning ? » a interrogé Ipsos Loyalty. Les 511 responsables de formation européens ont clairement, répondu : « Optimiser les coûts de formation » (45 %) ; « S’affranchir des contraintes géographiques » (45 %) et « Former en juste à temps au bon moment (42 %) ». « Augmenter la qualité des programmes de formation » n’est en revanche l’objectif que de 18 % des répondants.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD