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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

RSE et formation : un oubli à réparer

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Décryptage | publié le : 13.12.2011 | LAURENT GÉRARD

Responsabilité sociale des entreprises et formation font-elles bon ménage ? Pas tant que cela. Bizarrement, ces deux notions s’ignorent presque. C’est ce qui a pu être constaté le 22 novembre lors du débat organisé par l’Afpa, le Cnam, et la revue Éducation permanente.

« La préoccupation d’employabilité et de développement du salarié est au cœur de la responsabilité sociale des entreprises, a entamé Vincent Merle, professeur au Cnam et ancien directeur de cabinet de Nicole Péry, secrétaire d’État aux Droits des femmes et à la formation professionnelle dans le gouvernement Jospin de 1998 à 2002. Toutefois, ce n’est pas pour autant que la RSE a incité à l’amélioration des parcours de formation : les entretiens individuels, les plans de formation ne sont pas souvent parfaitement adapté aux salariés. Disons plutôt que la RSE a permis de développer quelques pratiques, mais qui sont encore au stade du décor : la formation professionnelle est rarement associée à la RSE, et c’est ce qui pose problème. » Vincent Merle pose la question des agences de notation sociale, qui devraient selon lui avoir un rôle d’éclaireur dans les décisions des entreprises et des investisseurs, mais qui ne prennent pas en compte la formation. Et l’universitaire Marc Ferracci de renchérir : « Si les bénéfices de la formation vont d’abord aux entreprises et non aux salariés, comment faire le lien entre formation et responsabilité sociale des entreprises ? »

Sophie Thiéry, directrice de l’agence de notation sociale Vigeo Enterprise, estimait cependant que la pluralité de critères (RH, droits humains, harcèlement, environnement, gouvernance, relations avec les clients, les fournisseurs, les sous-traitants) employés par les agences de notation peut prendre en compte la forma­tion. Mais que la grande faille, c’est l’absence de réflexion sur ce thème, puisqu’à aucun moment le retour sur investissement n’est pris en compte, alors que, selon elle, chaque entreprise devrait avoir ses propres indicateurs avec trois obligations : qu’ils soient lisibles, clairs et précis. Ce point de vue était également celui d’Anousheh Karvar, secrétaire nationale de la CFDT : « Tant que la formation sera regardée comme une dépense et non comme un investissement, il y aura un biais dans les indicateurs. »

Une démarche multipartite

Investissement ? Indicateurs ? Ces notions devraient être au cœur d’un travail piloté par la Fédération de la formation professionnelle sur « une démarche multipartite d’évaluation et de valorisation des investissements en formation, essentiels à l’employabilité et à la compétitivité dans notre pays », mission sous mandat du ministre de l’Économie et des Finances qui travaille actuellement sur la valorisation du capital immatériel. La FFP réunira début 2012 des entreprises (grands groupes et PME) et des partenaires (pouvoirs publics, organisations patronales et salariales, universitaires), afin d’élaborer « un outil qui permette aux entreprises de mieux rendre compte des impacts économiques et sociétaux de leurs investissements en formation professionnelle ». Les travaux seront menés tout au long du premier semestre 2012 et feront l’objet d’une large diffusion, assure Jean Wemaëre, président de la FFP.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD