« Le travail est une chose trop sérieuse pour être laissé aux spécialistes du travail », affirme Maurice Thévenet, professeur au Cnam et à Essec Business School. Une boutade ? Pas si l’on considère le travail dans sa dimension anthropologique plutôt que seulement technique. Partant de l’idée simple que, pour être banal, le travail n’a pourtant rien d’évident, l’auteur rappelle un certain nombre de vérités philosophiques susceptibles de redonner son sens au travail en général et du sens à chaque tâche en particulier en la replaçant dans un contexte social de développement.

Les représentations du travail conditionnent donc les manières d’être face au travail. Par ailleurs, dans un temps où l’on ne jure que par la facilité et le talent, Maurice Thévenet rappelle que celle-là comme celui-ci ne se rencontrent qu’au terme d’efforts souvent intenses. Le travail est une lutte, d’abord contre la nature puis contre la tendance universelle à la paresse, contre l’entropie, contre la fatigue, contre la routine, etc. Et, comme tout effort, il exige une pugnacité et une habileté qui s’acquièrent et se maintiennent par un exercice constant. Le travail est donc intimement lié au sens de l’effort et celui-ci peut et doit faire l’objet d’un apprentissage.

L’auteur rappelle enfin que le sens de l’efficacité, la prise en compte des autres et le partage de quelques valeurs communes sont autant de compétences implicites nécessaires au travail. Elles ne sont pas innées et doivent donc être inculquées.

Le Travail, ça s’apprend

Maurice Thévenet, Eyrolles, 280 pages, 15 euros.