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Les industriels lancent leur opération séduction

Actualités | publié le : 20.03.2012 | AURORE DOHY

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Les industriels lancent leur opération séduction

Crédit photo AURORE DOHY

Les portes des usines s’ouvrent cette semaine au grand public. 150 000 personnes, dont une majorité d’enfants scolarisés et d’étudiants, sont attendues. L’attractivité du secteur, à l’heure des interrogations sur la désindustrialisation, est un enjeu majeur.

l’industrie veut tordre le cou aux images d’Épinal (graisse, cambouis et sinistrose) qui lui collent à la peau. Le coup d’envoi de la seconde édition de la Semaine de l’industrie – événement imaginé par les États généraux de l’industrie de 2009-2010 afin de renforcer l’attractivité du secteur, aux yeux des plus jeunes notamment – a été donné lundi 19 mars. Par rapport à 2011, la manifestation a pris de l’ampleur avec une augmentation de 50 % du nombre d’événements labellisés (de 1 500 à 2 300 dans les filières de l’automobile, de l’aéronautique, de la chimie, de l’énergie, mais également de l’agroalimentaire, du luxe ou des technologies de la santé). En 2011, 100 000 personnes (âgées de moins de 25 ans pour 60 % d’entre elles) s’étaient déplacées ; 150 000 sont attendues cette année.

Optimisme relatif

Cette deuxième édition s’ouvre également dans un contexte d’optimisme relatif pour les industriels, que n’a pas manqué d’indiquer Éric Besson, ministre de l’Industrie, à l’occasion d’une conférence de présentation de l’événement, le 12 mars : « Pour la première fois depuis dix ans, l’emploi industriel s’est stabilisé. Nous créons ou nous agrandissons plus d’usines que nous n’en fermons ou n’en réduisons les effectifs, ce qui ne s’était pas produit depuis plusieurs années. » « Alors même que l’industrie n’a pas retrouvé le niveau d’activité qui était le sien avant la crise de 2008-2009, l’hémorragie affectant ses emplois depuis le début des années 2000 semble en effet avoir été jugulée », confirme Denis Ferrand, le directeur général de COE-Rexecode. Si les signaux faibles – et positifs – se confirment, notamment en matière de projets d’investissement des industriels, cette stabilisation pourrait bien se muer en progression.

Raison de plus pour les différentes filières de se soucier de leur attractivité qui, crise ou pas crise, reste un problème récurrent. « L’industrie française emploie 3 millions de personnes, explique de son côté Patrick Blain, le président du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). Du fait de sa pyramide des âges, le secteur doit recruter chaque année entre 80 000 et 100 000 personnes. Maintenir ce flux est une gageure alors qu’on assiste dans certaines filières à une décrue des demandes d’emploi. » Ces difficultés d’appariements touchent tous les niveaux de qualification.

« On ne souligne pas assez le problème du déficit d’ingénieurs en France, rappelle Jean-Luc Gaffard, professeur de sciences économiques à l’OFCE Sciences Po et à Skema Business School. Combien, parmi ceux pourtant formés par de très bonnes écoles, préfèrent se tourner vers les salles des marchés et leurs rému­nérations attractives et n’exer­ceront jamais de fonctions techniques ? Comment les PME françaises pourront-elles accroître leurs efforts en R & D ? Comment éviter que les grands groupes ne délocalisent leurs activités de recherche dans ce contexte »

Opération “classe en entreprise”

À son échelle, cette Semaine de l’industrie s’emploie donc à limiter la désaffection qui touche ses métiers, en ciblant de façon prioritaire les plus jeunes, de l’école primaire à l’enseignement supérieur. L’opération “classe en entreprise”, initiée l’an passé par la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (Fieec), désormais adoptée par d’autres filières, permet, pendant une à trois journées, de “délocaliser” des classes de 4e et de 3e sur un site industriel. Entre leurs cours habituels, les collégiens pourront découvrir les lieux et les métiers de leur hôte. Y participent notamment les sites STMicroelectronics de Crolles et de Montrouge, Renault à Sandouville ou encore Schneider Electric à Alès.

Dans la même veine, Renault ouvre aux étudiants son centre de Boulogne-Billancourt consacré aux véhicules électriques. Les titulaires d’un permis de conduire pourront s’initier au pilotage de ces véhicules du futur sur pistes d’essais.

Séduire étudiants et enseignants

Le chimiste BASF a développé de son côté des Kids’ Labs, petits laboratoires mobiles qui permettront aux enfants des écoles alsaciennes, lunettes de protection sur le nez et blouses blanches sur le dos, de découvrir comment purifier l’eau, modifier sa densité et la condenser, sous supervision des chimistes du groupe.

D’autres initiatives ciblent spécifiquement les enseignants, afin d’opérer un rapprochement entre les mondes de l’éducation et de l’industrie. Dans la région du Havre, des principaux de collège ou proviseurs de lycée accompagneront durant une journée un chef d’entreprise ou un membre de comité de direction. Le lendemain, inversion des rôles, ce sera au tour de l’industriel de reprendre le chemin de l’école.

Liste des événements disponible sur le site i<http://www.semaine.industrie.gouv.fr/>

Auteur

  • AURORE DOHY