Une somme de 1,2 million d’euros. C’est ce qu’a investi la RATP dans la campagne de communication mettant en scène des animaux, pour diffuser un message, « Restons civils sur toute la ligne », de juin à octobre 2011. Du paresseux qui reste assis alors que la rame est bondée au bélier qui bouscule tout le monde pour pouvoir entrer dans le métro, la Régie des transports autonomes parisiens ressentait le besoin de faire un rappel des règles élémentaires pour alerter sur les incivilités sur son réseau.

Mais, pour Laurent Gardoni, secrétaire général de la CFDT RATP, l’entreprise se préoccupe davantage du confort et de la sécurité des usagers que de ceux de ses agents. Il regrette notamment la situation des chauffeurs de bus : « À l’embauche, les machinistes reçoivent une formation pour apprendre à gérer les situations conflictuelles, mais après, c’est fini, ils se débrouillent tout seuls. » Des vitres peuvent bien être posées entre le conducteur et les passagers, mais, selon le représentant CFDT, cette solution est inadaptée : « Comment voulez-vous avoir un contact attentionné avec ces vitres ? Dans 95 % des cas, les machinistes les baissent pour cette raison. Nous essayons en vain d’alerter la direction. » Défense de l’accusée : « La question sera débattue lors de la table ronde qui aura lieu fin avril. » Même réponse concernant les chiffres des violences subies par les agents. En revanche, la direction met en avant ses actions de prévention dans les quartiers à risques, où du personnel de la RATP sensibilise sur l’importance des transports en commun dans ces zones, en collaboration avec les établissements scolaires et les élus locaux.

En effet, « la géographie des agressions reflète la sociologie de l’Île-de-France, analyse Laurent Gardoni. Si on conduit un bus à Neuilly, on a moins de risques de se faire agresser que sur la ligne Bondy-Clichy-sous-Bois ! » Près de la moitié des agressions en surface auraient lieu dans le département de la Seine-Saint-Denis, selon la CFDT.

La direction rappelle aussi qu’elle dispose d’un millier d’agents de sécurité, sur un effectif de 45 000 en tout. Leur mission ? Prévenir et dissuader les actes d’agression. En 2011, ils ont participé à 800 opérations conjointes avec la police. En plus de cette présence humaine dans les couloirs des métros et RER, un système de vidéosurveillance couvre de mieux en mieux le réseau. Chaque conducteur de bus dispose d’une alarme discrète à actionner en cas d’agression et d’une caméra embarquée, surtout « utile a posteriori, pour l’élucidation des faits », reconnaît la direction, qui estime que la vidéoprotection permet aussi des interventions plus rapides des forces de l’ordre en cas d’agression. 8 000 caméras surveillent les quais des métros et RER et, sur les lignes les plus récentes, des systèmes d’appareils vidéo roulants ont été placés. Les tramways sont aussi équipés de 500 caméras embarquées.

Pour éviter les agressions d’un autre corps de métier, les contrôleurs, la direction les fait travailler en équipes de plus en plus fournies. « J’ai fait partie de la brigade de surveillance dans le nord de Paris, nous nous faisions agresser une fois par an. Maintenant, les agents restent postés en groupe à la gare du Nord ou aux Halles », confirme Laurent Gardoni. Enfin, le personnel peut contacter l’Institut d’accompagnement psychologique et de ressources, créé par la GMF et la RATP pour prévenir et accompagner les risques psychosociaux en 2000, face à une recrudescence de violences envers les conducteurs. Les agents agressés peuvent appeler sept jours sur sept un numéro vert, se confier lors d’un entretien avec un professionnel ou encore participer à des groupes de parole.

→ Activité : transport de personnes.

→ Effectifs : 45 000 salariés.

→ Chiffre d’affaires 2010 : 4,2 milliards d’euros.