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Les quatre pièces de la maison

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET, CONSEIL EN ENTREPRISES À PARIS <> | publié le : 22.05.2012 |

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Les quatre pièces de la maison

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Quand nous vivons une phase de changement importante, nous traversons des états intérieurs qui varient. On peut avoir un jour le moral et douter le lendemain. Ces observations, le psychologue suédois Claes Janssen les a formalisées dans son modèle “Les 4 pièces du changement”*. En employant la métaphore d’un logement composé de quatre pièces, il a décrit comment les locataires passent de l’une à l’autre selon les moments. Chacune des pièces porte un nom représentatif de l’état émotionnel vécu : le contentement, le déni, la confusion et l’inspiration, l’ensemble composant une matrice carrée de quatre cases. Le plus intéressant dans cette approche est que le modèle – au-delà d’avoir résisté au temps – est valable aussi bien pour un individu face aux challenges de sa vie que pour une organisation en transformation.

Contentement. Dans cette pièce, l’entreprise est satisfaite d’elle-même. Elle connaît son métier, elle maîtrise les opérations, elle s’adapte. Elle ne recueille pas forcément de succès tonitruants mais les affaires tournent. Pas d’introspection particulière parmi ses responsables ni de remise en question consommatrice de temps, on agit et on avance. Cette organisation ne voit d’ailleurs pas la nécessité de changer, le statu quo lui convient. Elle se trouve dans une sorte d’ajustement qui fonctionne.

Déni. La situation se corse, le doute traverse les esprits. Bien que l’inconfort progresse et devienne palpable, l’entreprise veut croire qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Elle campe dans la pièce « Déni » parce qu’elle ne voit pas de solution. Les collaborateurs sentent le malaise et accomplissent sans trop y croire des tâches devenues vides de sens. S’interroger collectivement est trop effrayant, donc chacun garde son masque et continue le jeu, comme pour perpétuer un système qui a déjà perdu sa validité. On est dans une adaptation feinte, un pseudo-ajustement.

Confusion. L’organisation ne peut plus ignorer le malaise. Dans cette pièce, on s’interroge, on s’énerve, on se critique mutuellement, on ne sait plus quelle direction prendre. Les manques de cohérence sont flagrants. Est-ce grave ? Est-ce normal ? Est-ce l’accouchement d’une nouvelle façon de faire le métier qui génère ce chaos ? Désorientation, irritabilité, fermeture, nostalgie, anxiété, focalisation sur soi-même, le festival des réflexes personnels bat son plein, avec en filigrane, un sentiment de ne pas être à la hauteur de ce que réclame la situation. L’entreprise se sent dans un mauvais ajustement.

Inspiration. C’est la pièce la plus vivante de la maison, celle du changement créatif, de la mise en place de solutions innovantes, de l’émergence de nouvelles convictions. On passe de l’espoir à l’excitation voire à l’euphorie ; on se sent vivre “ensemble” une aventure gagnante. Confiance, créativité, sens collectif, ouverture, agilité, enthousiasme, le nouvel ajustement est parfait. On se sent pleinement dans le flux de la vie.

L’idéal serait de passer le plus vite possible du “contentement” à l’“inspiration”. C’est rarement le cas. Les grandes transformations sont organiques et non séquentielles. Les personnes s’installent dans une pièce puis une autre, changent encore, avancent ou reviennent sur leurs pas jusqu’à la mue complète. C’est la détermination des dirigeants alliée à la confiance partagée en l’avenir qui sert de moteur.

* The Four Rooms of Change, <www.claesjanssen.com>