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PHV SE TOURNE VERS LES JEUNES EN DEMANDE D’INSERTION

Pratiques | publié le : 22.05.2012 | SÉVERINE CHARON

RECRUTEMENT → Grâce à un dispositif élaboré avec l’aide de l’État, la PME toulousaine Peinture Haute Voltige (PHV) va pouvoir recruter et former une vingtaine de jeunes en demande d’insertion chaque année.

Depuis le rachat en 2006 par Michel Rouault, PHV, une PME toulousaine spécialiste de la peinture anticorrosion en grande hauteur, s’est développée et a diversifié rapidement son activité. En cinq ans, son chiffre d’affaires a quintuplé, mais la PME n’a pas trouvé de personnel en nombre suffisant pour absorber ce surcroît d’activité. Elle a tenté de recruter des jeunes qui, après formation, pouvaient occuper un poste spécialisé. En vain. « En 2011, Pôle emploi a sélectionné 70 dossiers, 7 candidats sont venus à la réunion d’information et aucun n’est resté », déplore Michel Rouault. L’entreprise a alors recours à de la main-d’œuvre immigrée. Jusqu’en 2011, PHV emploie des salariés détachés d’une filiale roumaine. Et, cette année, 60 d’entre eux sont directement rattachés à la société, sous contrat de droit français, en CDI de chantier.

Réduire le chômage des jeunes dans la région

Mais, soucieuse de réduire le chômage des jeunes dans la région, la Direccte Midi-Pyrénées s’est mobilisée en janvier dernier pour accompagner PHV dans ses recrutements. « Ce cas était très intéressant pour nous, service de l’État : comment expliquer qu’une entreprise puisse être freinée, voire bloquée dans son expansion faute de réussir à recruter, s’interroge Aurélie Picart, directrice du pôle entreprises, économie, emploi à la Direccte. Nous nous sommes beaucoup impliqués pour comprendre ses difficultés. » Un dispositif de recrutement et de qualification pour les jeunes en demande d’insertion est mis sur pied avec l’aide de Pôle emploi et des missions locales. L’objectif est de recruter et de former 20 jeunes chaque saison afin que l’entreprise dispose à terme d’une main-d’œuvre qualifiée et pérenne.

Simplifier les démarches

Lancée en janvier, l’opération débute par une concertation entre tous les acteurs pour comprendre l’échec des recrutements des années précédentes. Conclusion de la Direccte : il faut simplifier les démarches. « Notre rôle a consisté à fluidifier le processus et à apporter notre connaissance des dispositifs possibles pour les recrutements et la formation : préparation opérationnelle à l’emploi, alternance, contrat de professionnalisation », précise Christophe Ledent, chargé de projet à la Direccte.

Corinne Cabanes, secrétaire générale du Réseau emploi durable (RED) et conseil sur cette opération, découvre que, par souci d’honnêteté et de transparence, PHV présentait aux candidats les côtés les plus sombres du métier de peintre sur pylône, physiquement difficile, potentiellement dangereux. L’entreprise ne mettait pas suffisamment en valeur les aspects positifs : accessible sans condition de formation, salaire attractif, possibilité d’avoir une autre activité pendant la morte saison. Il était donc essentiel d’expliquer aux recrues éventuelles, souvent en échec scolaire et réticentes à l’idée de « retourner à l’école », que la formation était à la fois très pratique et dispensée sur un vrai pylône. Corinne Cabanes élabore également un kit de recrutement afin d’harmoniser les présentations du métier par les intervenants impliqués dans le processus de recrutement (Pôle emploi, missions locales, DRH et chefs d’équipe de PHV). « Si les interlocuteurs partageaient le même objectif, ils n’avaient pas toujours des discours intelligibles par tous », commente-t-elle.

En trois mois, la mission est menée à bien : disposant d’une vision plus exhaustive et plus claire des postes et des compétences requises, Pôle emploi et les missions locales ont pu sélectionner 138 dossiers pour 70 candidats et enfin 20 jeunes sans qualifications retenus par PHV.

Dans le cadre de contrats de professionnalisation et à l’issue de 140 heures de formation dispensées au mois d’avril, ces jeunes vont travailler sur un chantier, en binôme avec un senior, dès ce mois de mai. Ils retourneront en formation en octobre, pour obtenir leur qualification. L’expérience, jugée satisfaisante, devrait être déclinée à d’autres entreprises qui connaissent les mêmes difficultés : « Notre idée est aussi de pouvoir transposer à la filière et à d’autres métiers cette expérience très concrète », conclut Aurélie Picart.

Auteur

  • SÉVERINE CHARON