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Enquête

UN DISPOSITIF INTÉGRÉ À LA CULTURE D’ENTREPRISE

Enquête | publié le : 10.07.2012 | HÉLÈNE TRUFFAUT

Avec 21 % du capital de la SSII aux mains des collaborateurs, le dispositif est un pilier de la culture d’entreprise. Mais les syndicats y voient au mieux un système perfectible, notamment en termes de gouvernance, au pire un trompe-l’œil.

L’actionnariat salarié est l’un des principes fondateurs de Steria, créée en 1969. Aujourd’hui, 21 % du capital de la SSII est encore aux mains des collaborateurs, les quelque 6 000 actionnaires salariés* – pour une bonne part français – étant regroupés au sein de la société Soderi, « pivot de la gouvernance participative de Steria ».

Pour maintenir ce mode de gestion, Steria s’est organisée, avant son entrée en bourse en 1999, en société en commandite par actions. Elle a nommé statutairement Soderi comme associé commandité, lui préservant ainsi son pouvoir d’actionnaire majoritaire. D’un côté, Soderi donne son accord préalable à toute résolution soumise à l’assemblée générale du groupe Steria et à toute proposition du gérant relative à un changement notable du périmètre de l’entreprise, donne son avis sur les orientations stratégiques et propose la nomination et la révocation du gérant. De l’autre, les associés commanditaires (les actionnaires) statuent sur les résolutions soumises à leur approbation, nomment le gérant, les membres du conseil de surveillance et les commissaires aux comptes, et approuvent les comptes annuels.

Plusieurs conditions pour postuler au conseil d’administration

Le gérant exécutif de Steria, actuellement François Enaud, apporte à la fois au conseil de surveillance du groupe et au conseil d’administration de Soderi. Celui-ci est composé de 17 membres élus pour quatre ans par les actionnaires salariés qui ont également souscrit, en proportion de leurs actions Steria, des actions Soderi vendues quelques centimes d’euros. Tous les membres de Soderi ont, de fait, accès à la gouvernance du groupe Steria.

En théorie, chacun d’eux peut postuler au conseil d’administration. Les conditions ? « Détenir un certain nombre d’actions, avoir une ancienneté de trois ans, poser et motiver sa candidature qui sera validée par le conseil d’administration sur la base de ces trois critères », détaille Sylvie Verstraeten, DRH de Steria France et membre du conseil d’administration de Soderi.

L’assemblée générale annuelle de la structure est l’occasion de présenter aux actionnaires salariés les enjeux stratégiques de l’entreprise et son environnement économique. Soderi propose également différentes formations à l’économie de marché et des lettres d’information en ligne. « Chaque année, un plan de souscription est proposé aux salariés par le biais d’une augmentation de capital qui leur est réservée à des conditions préférentielles, selon différentes formules plus ou moins dépendantes du cours de la bourse », détaille Sylvie Verstraeten. Ainsi, le plan 2011 contenait une formule classique avec abondement de l’entreprise sous forme d’actions gratuites, ainsi qu’une offre à effet de levier avec un rendement minimum garanti. Le tout accompagné d’une décote de 20 %.

« Étant donné la baisse du cours de l’action ces quinze dernières années, l’aspect financier n’est pas le principal attrait du dispositif, convient Sylvie Verstraeten [Au premier juillet, l’action valait 12,19 euros, NDLR]. Mais il nous permet de promouvoir l’esprit entrepreneurial chez nos collaborateurs, qui deviennent propriétaires d’une partie du groupe. On leur propose un projet qui dépasse leur quotidien dans l’entreprise, ce qui accentue leur implication et leur fidélité. » Une démarche qui, selon la DRH, intéresse beaucoup les candidats à l’emploi.

Protection contre les OPA hostiles

Pour Joseph Raad, membre du comité d’entreprise et délégué syndical central du syndicat Steria Avenir, l’actionnariat salarié assorti de la décote et de l’abondement – remis en place en 2011 après avoir été suspendu – « est un système intelligent », en dépit de son volet financier peu intéressant aujourd’hui.

« La structure juridique du groupe le protège des OPA hostiles. Depuis sa création, il n’a pas changé de propriétaire, c’est rassurant pour les salariés. »

Il considère, en revanche, que la participation de ces derniers aux décisions laisse beaucoup à désirer. « Toutes les candidatures au conseil d’administration de Soderi sont préalablement validées par la direction, rappelle-t-il. En 2007, le rachat du Britannique Xansa à un prix beaucoup trop élevé et en cash a fait chuter le cours de l’action, qui atteignait alors 45 euros. De fait, les actionnaires salariés qui s’étaient vu proposer un nouveau plan de souscription juste avant l’opération ont été lésés. Mais personne n’a pu s’opposer à cette décision », illustre-t-il.

Confiance des salariés dans leur management

Hocine Chemlal, délégué syndical central CGT, juge pour sa part l’actionnariat salarié accessoire. Ce qui importe, c’est la confiance que peuvent avoir les salariés dans leur management, la reconnaissance de leur travail et les salaires. Et « de ce point de vue, les résultats de l’enquête interne annuelle sont catastrophiques, surtout en France. Quant au dernier accord NAO, il date de 2000, ce qui montre bien l’état des relations sociales dans l’entreprise ! »

* Selon le document de référence de Steria, déposé auprès de l’Autorité des marchés financiers le 11 avril 2012.

STERIA

• Activité : société de services et d’ingénierie informatiques.

• Effectifs : 20 000 salariés dans 16 pays, dont 6000 en France.

• Chiffre d’affaires 2011 : 1,74 milliard d’euros.

Auteur

  • HÉLÈNE TRUFFAUT