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Enquête

CONTRÔLEURS AÉRIENS : UNE PLANIFICATION AU CORDEAU

Enquête | publié le : 17.07.2012 | AURORE DOHY

Vacations complémentaires et autorisations d’absence permettent d’adapter le plus finement possible le nombre de positions de contrôle au trafic réel.

Dans les tours de contrôle des aéroports, il n’est pas question de recruter du personnel saisonnier pour absorber l’intensification des vols qui traverseront cet été l’espace aérien français, notamment pour se rendre aux Jeux olympiques de Londres. « Pas d’improvisation dans notre métier, résume Frédérique Chato, du Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA). Quand il sort de l’Énac (1), son bac + 5 en poche, un contrôleur aérien n’a pas encore appris son futur métier. Selon son lieu d’affectation, il sera formé pendant un à trois ans avant d’être opérationnel. » Été comme hiver, périodes creuses comme périodes “chaudes”, ces fonctionnaires qui se partagent le contrôle des 2,9 millions de vols (chiffres 2011) recensés chaque année en France demeurent au nombre de 4 000. « L’image de notre profession a été durablement ternie par la médiatisation du rapport de la Cour des comptes(2), qui a mis en avant le système d’autorisation d’absences utilisé lors des périodes creuses, déplore Frédérique Chato. On ne peut cependant comprendre les spécificités de l’organisation du travail en isolant les périodes les unes des autres. L’imprévisible est notre quotidien : sait-on que, lorsque l’ensemble des avions figés au sol par l’irruption d’un volcan islandais obtiennent en même temps l’autorisation de repartir, notre profession est à même d’assurer le contrôle des vols dans les conditions de sécurité habituelles ? »

Profession extrêmement réglementée, les contrôleurs aériens travaillent en moyenne 32 heures par semaine, selon la règle du travail “un jour sur deux”. Une fois décomptés les temps de pause légaux, ils tiennent leur position de contrôle pendant 24 heures maximum. « Ce régime prend en compte le fait que leur activité se déroule 24 heures sur 24 et 365 jours par an et que, lorsqu’ils sont au casque à gérer le trafic, ils ne connaissent pas de temps mort comme dans une activité de bureau », explique la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Ces règles sont par la suite modulées par les vacations complémentaires en période de fort trafic – un contrôleur aérien peut être amené à travailler quatre jours et n’avoir que deux jours de repos – et par les autorisations d’absence en période de faible trafic, le contrôleur pouvant néanmoins être rappelé à tout moment.

Contraintes multiples

De plus, en permanence, des contrôleurs surnuméraires sont présents en salle de contrôle afin de faire face aux aléas techniques ou météorologiques et permettre à leurs collègues de faire une pause, chacun d’entre eux ne pouvant rester “au casque” plus de deux heures et demie consécutives.

Outre les contraintes personnelles qu’il entraîne pour chacun des contrôleurs – jamais plus de deux semaines de vacances l’été, pouvant en outre être remises en cause 12 jours maximum avant le départ –, ce système semble, selon les syndicats, atteindre ses limites. « Les conséquences de la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui a en particulier réduit le nombre d’étudiants recrutés par l’Énac, commencent à se faire sentir dans certains centres, explique Michaël Breton, de l’Unsa-Icna. Il devient parfois compliqué de planifier, même en période creuse, l’important volet de formations qui nous incombent chaque année, quand ces difficultés ne concernent pas l’organisation de la visite médicale annuelle obligatoire. »

(1) École nationale de l’aviation civile.

(2) Rapport annuel de la Cour des comptes, publié le 9 février 2010.

DGAC

• Activité : contrôle du trafic aérien.

• Effectif : 4 000 personnes.

• Chiffre d’affaires 2010 : 1,487 milliard d’euros.

Auteur

  • AURORE DOHY