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Enquête

UN PERSONNEL À FIDÉLISER, ÉTÉ COMME HIVER

Enquête | publié le : 17.07.2012 | V. L.

Chaque été, les syndicats renouvellent leurs campagnes d’information auprès des saisonniers. Car, selon eux, leur activité rime avec précarité. Certaines entreprises comprennent l’utilité de fidéliser cette population.

Pour sa treizième campagne, la CFDT a choisi de troquer son bus habituel pour des camionnettes aux couleurs du syndicat, qui sillonneront les hauts lieux de l’activité saisonnière : campings, exploitations agricoles, festivals, foires, parcs d’attraction. Objectif : multiplier le nombre d’étapes pour être au plus près des saisonniers et les informer sur la particularité de leur contrat, qui ne donne pas droit au paiement de la prime de précarité.

Trois sujets récurrents doivent attirer l’attention, constate Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT : les salaires et le paiement des heures réellement effectuées ; la durée du travail et les repos journaliers et hebdomadaires pas vraiment respectés ; et la question du logement. Sans parler de l’existence du travail clandestin et au noir.

La sous-déclaration, première infraction

La CFDT recommande fortement aux saisonniers de noter leurs horaires. « La principale infraction constatée est la sous-déclaration, constate Roger Moncharmont, responsable de l’inspection du travail de l’Hérault. On observe une tendance à forfaitiser la durée du travail. Un relevé récapitulatif des heures manque souvent, notamment dans l’hôtellerie-restauration. En fin de saison, nous faisons le point avec l’employeur, si ses déclarations sont sous-estimées, il accepte de redresser les heures déclarées. »

De plus, « cette forme d’emploi est davantage soumise aux contraintes économiques et de météo. Les séjours se raccourcissent et se décident de plus en plus au dernier moment. Par conséquent, les contrats sont plus courts, les embauches se réalisent in extremis et, lorsque l’activité est réduite, les ruptures sont brutales », déplore Hervé Garnier. Du fait des aléas, « si les employés ont du mal à vivre, les entreprises ont aussi du mal à survivre », rétorque Jean-Marie Attard, vice-président de l’Umih. « Est-ce que l’existence du contrat saisonnier se justifie toujours ?, s’interroge Hervé Garnier. Quelle différence avec une entreprise industrielle qui produit et embauche en CDD ou en intérim en fonction de son carnet de commandes ? »

De vrais métiers

« Saisonnier est un vrai métier, estime Jean-Marie Attard, il ne faut pas le confondre avec les jobs d’été. Les cuisiniers doivent être formés et un bon serveur est une denrée rare. De plus, des compétences linguistiques sont de plus en plus recherchées dans les zones touristiques. » Si elles veulent employer de bons professionnels, les entreprises ont tout intérêt à les fidéliser. « Recruter la même personne d’une année sur l’autre, par exemple, rendra l’effort d’intégration moins intense, souligne Christian Gilquin, directeur de Peripl (Pôle d’échange, de ressources et d’information sur la pluriactivité et la saisonnalité). Certaines entreprises commencent à travailler sur ce thème. Un des moyens de fidéliser est de prendre en compte le fait que l’individu a besoin de revenus en fin de contrat, on peut lui proposer une nouvelle activité ou une formation. »

Certaines initiatives permettent aux saisonniers de devenir des pluriactifs tout au long de l’année. Par exemple, le Geiq Pays de Savoie-Ain offre aux saisonniers de l’hiver la possibilité d’obtenir une deuxième qualification dans le BTP, en utilisant le contrat de professionnalisation. Contrat qui peut être suspendu pendant l’hiver, alors qu’en principe, la loi ne le permet pas. Par ailleurs, dans l’hôtellerie-restauration, les saisonniers peuvent bénéficier du CIF CDD et se former pendant l’intersaison.

Un observatoire de la saisonnalité, lieu ressource

→ Dans le cadre d’un partenariat avec la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services, l’Observatoire national de la saisonnalité (ONS) a été créé en 2009 afin de recueillir et d’actualiser les données disponibles sur le sujet. Des travaux sur la pluriactivité et les groupements d’employeurs ont été lancés. « Nous bénéficions de financements du ministère du Tourisme et sommes membres du conseil national du Tourisme. L’observatoire a vocation à être utilisé par tous les secteurs d’activité et à produire des enquêtes sur les saisonniers. C’est un lieu ressource où on peut retrouver tous les grands événements intéressant salariés et employeurs », indique Christian Gilquin. <www.saisonnalite.org>

Auteur

  • V. L.