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QuébecLES ENTREPRISES QUÉBÉCOISES MISENT SUR LA SANTÉ

Pratiques | International | publié le : 28.08.2012 | LUDOVIC HIRTZMANN

Le Québec a créé en 2008 une certification Entreprise en santé, par laquelle sociétés, collectivités locales et coopératives choisissent de mettre la santé de leurs salariés au cœur de leurs préoccupations. Si l’objectif est d’améliorer les conditions de travail, les entreprises y gagnent en productivité.

« Si l’on peut faire valoir clairement que la santé est un investissement et non une dépense, davantage d’entreprises mettront la santé et le mieux-être de leurs salariés au cœur de leurs politiques d’action. Cela sera extrêmement bénéfique, tant pour les entreprises et les travailleurs que pour l’ensemble de la société », affirme Marie-Claude Pelletier, Pdg du Groupe entreprises en santé. Cet organisme à but non lucratif accompagne les organisations dans l’obtention d’une norme éponyme, délivrée par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ), l’équivalent de l’Afnor en France.

Conférences sur la santé et activités physiques

L’objectif de cette démarche est d’améliorer la santé des travailleurs dans les sociétés, en créant un environnement de travail plus sain, de bonnes habitudes de vie ou encore un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Au quotidien, l’application de la norme Entreprise en santé sur le lieu de travail se traduit par des conférences sur la santé, la participation à des activités physiques le midi ou des programmes d’aide psychologique aux salariés. Outre des entreprises, les participants sont aussi des collectivités locales et des organismes à but non lucratif.

Disparition de l’absentéisme

Selon le Groupe entreprises en santé, « chaque dollar investi dans un programme bien structuré et fondé sur les meilleures pratiques dans le domaine peut générer jusqu’à 5 dollars en gain de productivité au cours des cinq premières années ». Le BNQ estime par exemple qu’un travailleur fumeur coûte 3 150 dollars (2 460 euros) de plus par an qu’un non-fumeur. « Lorsque l’on se soucie de fournir un milieu de travail favorisant la santé, la sécurité et le mieux-être des employés, les effets positifs se font immédiatement sentir », s’est réjoui en conférence de presse en mars dernier Jean-Guy Desrosiers, maire de Montmagny, lorsque sa municipalité est devenue la première ville québécoise certifiée Entreprise en santé. Parmi les points positifs, le maire a noté la disparition de l’absentéisme.

La directrice des ressources humaines de cette petite ville, située près de Québec, a créé un comité qui a identifié pendant deux ans les besoins des employés de la municipalité. Aujourd’hui, Montmagny rembourse par exemple une partie des frais d’inscription de ceux qui vont dans des centres sportifs, ainsi qu’une partie de leurs dépenses culturelles.

Dans un contexte canadien de faible chômage, où les employeurs cherchent à retenir leurs salariés, les entreprises labellisées en santé séduisent les jeunes. Il reste cependant beaucoup à faire. D’une part, pour changer les habitudes de vie : la plupart des salariés mangent souvent à leur poste de travail, en quelques minutes. Pas facile de faire des campagnes de prévention sur l’alimentation dans un pays où le hamburger et la poutine (des frites recouvertes de cheddar fondu) sont encore les références culinaires.

Trop peu de démarches structurées

D’autre part, si la plupart des entreprises ont mené des actions de sensibilisation sur la santé, moins de 1 % d’entre elles évaluent le retour sur investissement d’une telle démarche. Selon l’un des fondateurs d’Entreprises en santé, Roger Bertrand, parmi les programmes de santé et mieux-être au travail, « trop peu font encore l’objet d’une démarche structurée et éprouvée ».

L’objectif du Groupe entreprises en santé est ambitieux. L’organisme espère avoir sensibilisé la moitié des organisations québécoises d’ici à cinq ans et qu’en 2017, le quart d’entre elles seront certifiées entreprises en santé. Si des chefs de file ont déjà changé leurs habitudes, comme le Mouvement Desjardins, la coopérative bancaire des Québécois qui compte 40 000 employés, les entreprises certifiées ne sont que 25 pour l’instant.

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMANN