Entre l’automne 2011 et l’été 2012, 140 travailleurs handicapés du Bas-Rhin ont expérimenté le “Pass’insertion pro” mis au point par le conseil général. Le document a franchi avec succès cette phase de test, la collectivité l’a jugé suffisamment pertinent pour prévoir son extension. « Le panel des premiers utilisateurs, tous volontaires, était bien représentatif des différents types de handicap et de parcours professionnels », estime Mehdi Ahmed, chargé de l’insertion professionnelle à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), qui a piloté le projet et fixé son contenu. Difficile toutefois de chiffrer le nombre d’embauches qu’il a généré. À titre d’exemple, l’un des utilisateurs a décroché un CDD de six mois, en cours dans un magasin Décathlon. Avant de diffuser plus largement le Pass, le conseil général entend le compléter par l’élaboration d’un annuaire qui recensera l’ensemble des organismes (de formation, d’insertion, d’emploi…) avec lesquels le travailleur handicapé est susceptible d’entrer en contact.

Si le terme de ”passeport” n’a finalement pas été retenu en raison de sa connotation trop administrative, il résume pourtant bien la finalité. En une quinzaine de pages, le livret accompagne le travailleur dans toutes les étapes de son parcours professionnel. Il en constitue en quelque sorte la mémoire, précieuse pour lui-même et celui qui le rencontre. « Multiples sont les professionnels susceptibles de suivre le parcours d’une personne en situation de handicap et d’agir en faveur de son insertion. On gagne un temps précieux, puisque ces acteurs auront tout de suite une vision des démarches déjà réalisées, ce qui évitera de répéter systématiquement l’exposé du projet et de provoquer des doublons », souligne la MDPH en introduction du document.

Les rubriques sont en effet claires. Après deux pages sur l’identité et les incontournables données administratives, le Pass’insertion pro recense les éléments du parcours professionnel préalable : formation initiale, expérience professionnelle, stages. Suit la description du projet professionnel visé : quel est-il (recherche d’emploi, maintien dans l’emploi, reconversion…), qui doit l’accompagner. Les entretiens avec les “référents” listent l’organisme, l’interlocuteur nominatif, la date et les conclusions des rendez-vous successifs qui ont aidé à concrétiser le projet. La même grille est retenue, enfin, pour garder la mémoire de l’entretien avec l’employeur.

Le document doit servir en priorité aux demandeurs d’emploi. Il se conçoit davantage comme un pense-bête avant et après les jours J : « Il n’est pas vraiment destiné à être remis lors d’un entretien. Il aide le candidat à y voir plus clair avant le rendez-vous. Quant au recruteur, il va s’y référer pour rechercher les informations complémentaires qu’il estimerait ne pas avoir trouvées en face-à-face », précise Mehdi Ahmed.