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« Supprimer la loi Tepa, c’était d’abord une urgence pour l’emploi »

Enquête | publié le : 25.09.2012 | CAROLINE FORNIELES

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« Supprimer la loi Tepa, c’était d’abord une urgence pour l’emploi »

Crédit photo CAROLINE FORNIELES

E & C : Pensez-vous que la suppression de la loi Tepa puisse créer des emplois dans les entreprises ?

É.H. : C’est une évidence. Les exonérations fiscales et sociales sur les heures supplémentaires ont entraîné un effet d’aubaine qui a profité aux salariés déjà en poste. Mais, surtout, Tepa a boosté le volume d’heures supplémentaires. Si on regarde l’année 2011, on constate un surcroît de 80 millions de ces heures. Mathématiquement, entre 52 000 et 95 000 postes en équivalents temps plein auraient pu être créés ou sauvegardés pour réaliser ce surcroît de travail. On peut estimer que, si on retrouve le volume d’heures supplémentaires du début 2010, alors 17 900 emplois pourraient être créés ou sauvegardés. Mais cette estimation doit être bien sûr prise avec précaution, car on raisonne à conjoncture constante. Et tout le monde sait à quelle vitesse l’économie peut se retourner.

E & C : Cette mesure va quand même toucher le pouvoir d’achat de salariés parfois modestes.

É.H. : Certes, la mesure pénalise effectivement des salariés qui ne sont pas tous des privilégiés. Néanmoins, ils ont quand même un pouvoir d’achat supérieur à ceux qui sont sans emploi. Supprimer Tepa, c’était d’abord une urgence pour l’emploi. Créer des avantages sur les heures supplémentaires avait une logique au moment de la reprise de la croissance, quand les entreprises avaient un surcroît d’activité. Mais il aurait fallu supprimer ces exonérations dès le début 2009, au moment où la crise s’installait. Maintenir des avantages pour les heures supplémentaires, pour des raisons essentiellement idéologiques, n’a fait qu’aggraver la situation. Une incitation qui était complètement à contretemps et complètement schizophrénique alors qu’on prétendait justement développer le chômage partiel, c’est-à-dire diminuer le temps de travail.

E & C : En abandonnant le “travailler plus pour gagner plus”, sommes-nous encore en phase avec nos voisins européens ?

É.H. : La France n’est pas le seul pays européen qui a diminué le temps de travail avec les 35 heures. Face à la crise, tous les pays d’Europe ont eu recours à une diminution de la durée du travail, que ce soit sous la forme de temps partiel ou de chômage partiel aidé. En Allemagne, par exemple, 35 % des salariés sont aujourd’hui à temps partiel et la moyenne du temps de travail par salarié est de 18 heures par semaine, contre 20 heures en France. Aux Pays-Bas, ce sont 49 % des salariés qui sont à temps partiel et la moyenne du temps de travail est de 16 heures par semaine. Avec les 35 heures, nous avons eu en France peut-être un peu moins de temps partiel subi. Mais nous sommes totalement en ligne avec les politiques de nos voisins européens.

Auteur

  • CAROLINE FORNIELES