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Une démarche pionnière pour anticiper les situations critiques

Pratiques | publié le : 25.09.2012 | VIOLETTE QUEUNIET

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Une démarche pionnière pour anticiper les situations critiques

Crédit photo VIOLETTE QUEUNIET

La cartographie des risques RH permet de hiérarchiser les risques en évaluant leur impact sur l’activité de l’entreprise. Pour les DRH, c’est encore un instrument nouveau, importé par le risk management. Mais il devrait se développer dans les grands groupes, sous la pression de diverses réglementations.

Turnover excessif, formation inadaptée, fraude interne, passifs sociaux, grèves… la liste est longue des risques RH auxquels peut être confrontée une entreprise. Pour les suivre, les DRH disposent de tableaux de bord et d’outils ad hoc (le document unique, par exemple). Mais ils ne mesurent pas l’impact de ces risques sur l’activité de l’entreprise. La cartographie des risques offre cette possibilité. Il s’agit d’un « outil de gestion des risques qui permet de représenter de manière synthétique et graphique les risques de l’entreprise, hiérarchisés selon ses critères, quelle que soit leur nature », selon la définition de l’Amrae (Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise). L’intérêt ? « Une cartographie permet de positionner les sujets RH au bon niveau », a expliqué Christian Vie, DRH d’Axa Groupe, lors de la rencontre “Risk management et ressources humaines” organisée par l’Amrae le 26 juin dernier, en partenariat avec l’ANDRH*. Chiffrés selon une méthodologie propre au risk management, les risques RH les plus coûteux deviennent prioritaires, et les DRH peuvent ainsi concentrer leur action.

À Bouygues Telecom, la cartographie a été bouclée en trois séances de brainstorming réunissant risk manager, DRH et RRH opérationnels. Car il y avait urgence. L’arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile en février 2012 a conduit l’entreprise à anticiper les conséquences sociales de la baisse du chiffre d’affaires. Une vingtaine de situations de risques ont été identifiées, placées sur la cartographie selon leur impact sur l’activité, leur probabilité de survenir et leur niveau de maîtrise. Exemple de risque majeur : nuire à l’ereputation de l’entreprise. Les salariés de Bouygues Telecom pourraient en effet être tentés de répliquer sans nuances sur la toile aux agressions verbales dont l’entreprise a été la cible sur les réseaux sociaux au moment de l’apparition de l’offre Free. Ce risque a donné lieu à un plan d’action. La charte 2.0 a été réactualisée, avec un rappel des lois et des exemples de réponses à donner aux remarques désagréables. Au total, six risques prioritaires ont fait l’objet de plans d’action, prêts à être mis en œuvre si le risque est avéré. Par souci de confidentialité, et dans un contexte social délicat – un plan de départs volontaires a été mis en place en juillet dernier –, le DRH ne souhaite pas les évoquer. Il retient en tout cas l’intérêt de l’exercice. « Plutôt que d’avoir un mode de gestion réactive piloté par l’urgence lorsque le risque survient, la cartographie vous permet d’anticiper les situations et donc de mieux y répondre », estime Philippe Cuenot, DRH de Bouygues Telecom.

Obligation réglementaire

Ce n’est pas sa situation économique mais le contexte réglementaire qui conduit en ce moment Axa à cartographier ses risques RH, consolidant les données des 61 pays où le groupe est présent avec 163 000 collaborateurs. Car, d’ici à janvier 2014, toutes les entreprises européennes du secteur de l’assurance devront se conformer à la directive Solvabilité II en mesurant leurs risques, y compris RH.

Remonter une préoccupation au niveau de décision le plus élevé

Les DRH qui ont tenté l’exercice apprécient la collaboration avec le risk manager. « Je bénéficie, en tant que DRH, du regard expert du risk manager sur les mécanismes assurantiels et les plans d’action. De mon côté, je lui apporte ma connaissance des RH pour nous concentrer sur les vrais risques », indique Christophe Le Bars, DRH groupe d’Europcar (lire p. 16).

La collaboration avec le risk manager peut même être « un levier pour remonter une préoccupation RH au niveau de décision le plus élevé », estimait Bruno Dunoyer de Segonzac, risk manager de Bouygues Telecom, lors de la conférence de l’Amrae. Encore marginal, ce type de collaboration se noue souvent à la faveur des événements. À Elior (groupe de restauration de 90 000 personnes présent dans 14 pays) la responsable juridique Assurances Martine Verdeau est actuellement sollicitée par certains DRH qui souhaitent être aidés sur les problématiques de gestion de la sécurité du personnel. « Une cartographie des risques peut aider à travailler sur ces risques-là, et, par exemple au travers de scénarios de risque, permettre de les identifier et de les valoriser », indique-t-elle.

Outil complémentaire

Bref, un outil intéressant à condition qu’il ne tourne pas à l’usine à gaz. « La cartographie doit rester un outil simple, concret, compréhensible par ceux qui la lisent et doit vous permettre d’agir », estime Philippe Cuenot. Pour lui, il s’agit d’un « outil de pilotage complémentaire », et, à ce titre, il doit être réactualisé régulièrement : « Cela doit être un film, pas une photo. »

* Voir le site www.amrae.fr

L’ESSENTIEL

impactée par les grèves de pilotes d’avion ou d’aiguilleurs du ciel. Dans ce cas, le personnel est redéployé dans d’autres agences, ce qui suppose d’établir des règles de mobilité en amont. Le risque relatif aux passifs sociaux est particulièrement suivi sur les postes retraite (les fonds de pension pour les personnels anglo-saxons), prévoyance et plans médicaux. En France, grâce à l’expertise du risk manager, les coûts de certaines assurances ont diminué. L’atout de la cartographie ?

Plans de succession

Toujours dans l’optique d’assurer la continuité de l’activité, le DRH insiste sur les plans de succession. Il s’agit de repérer dans chaque pays les postes clés et de limiter la perte de compétences si jamais les titulaires de ces postes démissionnent ou disparaissent : recrutement, formation… « L’exercice, réédité chaque année, permet de cerner les forces et les faiblesses de chaque organisation en matière de compétences », souligne le DRH.

Le risque grève est surtout exogène et concerne les agences de location situées dans les aéroports, dont l’activité peut être

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  • VIOLETTE QUEUNIET

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