L’argent représente théoriquement un moyen au service du lien économique et social entre les individus. Sa fonction est de faciliter les échanges. Depuis les années 1980-1990, la financiarisation de l’économie réduit ce rôle à une portion congrue. L’argent est devenu progressivement une fin en soi. L’activité des banques, par exemple, qui devrait se concentrer sur le financement des moyens de production de biens et de services, consiste au contraire essentiellement à spéculer. Le soutien à l’économie (particuliers et entreprises confondues) ne représente plus que 20 % de leur activité.

Le problème est que, si cet argent détourné de sa finalité enrichit une minorité, il appauvrit par ailleurs la grande majorité des autres agents économiques, car aucun bien ni service réels ne sont produits par la spéculation. La financiarisation de l’économie est donc un processus profondément pervers en ce qu’il détourne au profit de quelques-uns les moyens d’acquérir ces biens et ces produits, appauvrissant ainsi l’immense majorité des travailleurs.

Qui plus est, cette perversion de l’usage de la monnaie fragilise l’économie réelle et menace de la faire imploser, dans la mesure où le pouvoir d’achat de la majorité des consommateurs est en baisse ou en tout cas ne permet plus d’assurer la croissance de l’économie réelle.

Les auteurs, tous deux sociologues, se livrent à un remarquable travail pédagogique, qui permettra à chacun de comprendre la menace qui pèse actuellement sur le travail et sur les travailleurs.

L’Argent sans foi ni loi

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Textuel, 92 pages, 12 euros.