L’emploi de demain sera-t-il si différent d’aujourd’hui ? Oui, dans la mesure où la conversion de l’économie vers les services se poursuit, et non, si l’on songe aux caractéristiques intrinsèques aux métiers, car on aura besoin de commerciaux, d’informaticiens, de chauffeurs routiers, de chercheurs, d’électriciens, etc. Dans leur immense majorité, les emplois de demain seront ceux d’aujourd’hui parce que les besoins sociaux sont relativement stables. Quitte à décevoir le lecteur, l’auteur, éditorialiste à Alternatives économiques et chroniqueur sur France Info et France Culture, prend le parti de démonter vingt fantasmes relatifs à l’avenir dans les domaines professionnels, ou plutôt, il prend le parti de relativiser la portée de pseudo-évidences. La mobilité professionnelle est-elle incontournable ? Cela dépend pour qui et surtout de quelle mobilité on parle, car on ne saurait comparer les mobilités subies ou choisies. Les entreprises créeraient-elles davantage d’emplois si le travail était plus flexible ? Pas sûr, car augmenter la mobilité revient à créer un fossé infranchissable entre les salariés les mieux formés et les précaires insuffisamment formés, qui constituent la variable d’ajustement de l’emploi et qui risquent de s’en trouver durablement éloigné. Les emplois industriels sont-ils condamnés à disparaître ? Certes, leur nombre diminue, mais il s’agit d’un secteur qui, contrairement à ce que l’on prétend, offre des perspectives aux jeunes pour peu qu’ils disposent des formations adéquates. Voici quelques exemples de ce relativisme constructif, qui oblige à regarder la réalité en face et incite chacun à prendre ses responsabilités. Par ailleurs, ce livre constitue une excellente manière de réviser avec ces poncifs les grandes questions auxquelles est confronté le monde du travail.

Vingt idées reçues sur les métiers, l’emploi et le travail

Philippe Frémaux, Les Petits Matins, 160 pages, 12 euros.