Concernant l’analyse du fonctionnement économique du capitalisme, Karl Marx avait à peu près raison sur tout. Seule sa description de l’après-capitalisme pèche par excès d’optimisme. L’histoire nous a montré qu’un monde débarrassé de ses contradictions de classes n’est pas advenu.

L’auteur, professeur d’université et essayiste, émet l’hypothèse que ce monde serait en effet aussi irréaliste que l’avènement d’un univers d’amour chrétien et pour la même raison : l’une et l’autre doctrine partent du présupposé que l’homme peut vouloir le bien de son prochain. Pour le reste, tout y est : l’accroissement indéfini de la sphère productive qui condamne le prolétaire à produire sans cesse plus, en consommant les produits de plus en plus superflus de son travail sous peine de mourir de mort sociale, la baisse tendancielle des taux de profits qui pousse le capitalisme à une course en avant frénétique, la tendance à la concentration du capital et donc à la paupérisation des travailleurs, la mondialisation, les crises économiques de plus en plus violentes, qui risquent de compromettre la pérennité du système, et même l’attaque des États par la finance.

Marx n’a commis aucune erreur sur le fonctionnement du système capitaliste, mais il nous laisse en plan au bord du chemin de l’histoire quand il s’agit d’envisager une réelle issue hors de cette logique destructrice qui menace non seulement les hommes mais aussi la planète. Un ouvrage d’un pessimisme radical !

Marx, ô Marx, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Bernard Maris, Flammarion, 150 pages, 6 euros.