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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

L’Opca du BTP supprime 50 % des emplois de son siège

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Réforme | publié le : 11.12.2012 | Laurent Gérard

C’est une des conséquences directes du mercato des Opca : gérer la délicate équation “gestion des salariés des collecteurs/frais de gestion réduits par l’État”. Et, à ce titre, les salariés de Constructys, Opca des secteurs du bâtiment et des travaux publics, vivent depuis six mois une période d’inquiétude. « Les partenaires sociaux de Constructys, lors de leurs conseils d’administration des 5 et 18 juillet 2012, ont voté un ambitieux plan de développement, mais sans se donner les moyens humains, assure Christine Marliet, secrétaire du CE de Constructys. Les contraintes de la convention d’objectifs et de moyens imposée par l’État et les choix organisationnels aboutissent à un important plan social, qui concerne près de la moitié des effectifs du siège national. »

Sur ces 140 personnes, 20 devraient partir en régions, d’autres signer des transactions dans le cadre d’un PSE et d’un plan de départs volontaires en négociation. C’est sur les salariés de l’ancienne structure Faf-Sab, plutôt que sur ceux issus des structures Opca B et Opca TP, que semble porter l’effort : Constructys est en effet le résultat de la fusion de ces trois anciens Opca. Au final, 84 salariés devraient rester en place.

Sous haute surveillance

« Constructys est probablement le seul Opca issu de la réforme qui soit aussi durement touché par ces réorganisations, poursuit Christine Marliet. À tel point que les pouvoirs publics le maintiennent sous haute surveillance, en lui demandant de faire ses preuves avant de lui attribuer ses budgets de fonctionnement 2013 et 2014. On est bien loin des déclarations de certains responsables de la profession annonçant que cette création se ferait sans plan social. » Comment en est-on arrivé là ? Selon un représentant du personnel, « la volonté des partenaires sociaux gestionnaires de l’Opca fait porter l’essentiel des efforts sur le siège national en réduisant sa masse salariale, et ne remet pas en cause un fonctionnement très lourd du paritarisme : un conseil d’administration national de 30 membres, trois conseils de sections professionnelles paritaires de 20 membres, et 24 conseils d’administration régionaux de 20 membres. Ce qui aboutit, en toute légalité, à réserver près de 5 millions d’euros de budget pour financer plus de 500 administrateurs pour 310 salariés permanents… » De plus, « la mission information-conseil auprès des entreprises de moins de 10 salariés a été réservée en exclusivité aux organisations professionnelles après accord dérogatoire avec la DGEFP, pour un surcoût d’un million d’euros sur deux ans ». À quoi s’ajouterait l’achat d’un nouveau siège pour un investissement de 17,5 millions d’euros.

Les Constructys régionaux également touchés

« La nouveauté, explique Alain Gabin, secrétaire adjoint du CE, est que les Constructys régionaux commencent aussi à être touchés, car ils doivent faire d’importantes économies avant 2014 : deux conseillers en Alsace viennent de recevoir leur lettre de licenciement. Dorénavant, les missions de conseil en formation auprès des 700 entreprises alsaciennes et de leurs 26 000 salariés et la gestion d’un budget régional formation de 8 millions d’euros, seront assurées par le seul conseiller restant. » Une politique dénoncée par les représentants du personnel : « Si, au niveau national, vous voulez faire du conseil auprès de 200 000 TPE de moins de 10 salariés, comment voulez-vous vous passer des hommes pour le faire ? demande l’un deux. Allez chercher et motiver des TPE sur la formation, c’est un travail de fourmi, toujours plus compliqué. Ça implique des moyens, donc des coûts. »

Les négociations avec la direction (contactée mais qui ne souhaite pas répondre pour l’heure) continuent. Bouclage du PSE certainement avant la fin 2012.

Auteur

  • Laurent Gérard