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Enquête

UN PERCO POUR RECUEILLIR LA PARTICIPATION

Enquête | publié le : 18.12.2012 | H. T.

La SSII n’a pas l’intention de toucher à son nouveau Perco, qui s’ajoute à un PEG et à de très avantageux comptes courants bloqués datant de son accord de participation.

Les négociations ont débuté en juin 2011. Et l’accord a été signé au mois de décembre suivant par trois organisations syndicales (CFE-CGC, CFTC et FO) pour être mis en œuvre au 1er janvier de cette année. Le Perco de l’unité économique et sociale (UES) Capgemini a tout juste un an. Il complète la structure d’épargne salariale de la SSII, qui comprend, outre un plan d’épargne groupe (PEG) datant de juillet 2002, un accord de participation dérogatoire qui remonte, lui, à 1986. Ce dernier, qui fixe la réserve spéciale de participation à un tiers du bénéfice net (calculé entité par entité), permet aux salariés concernés de transférer le montant qui leur revient sur un compte courant, bloqué pendant cinq ans, rémunéré à 10 %. « Aujourd’hui, on s’en étonne. Mais, à l’époque, un placement garanti à ce taux était normal », commente Marc Veyron, directeur des affaires sociales France. Du coup, le PEG, sans abondement, n’a guère la faveur des collaborateurs. Quant au Perco, qui n’a pourtant pas été « amorcé » par un versement initial de la SSII, il est déjà alimenté par un peu plus de 5 000 salariés, soit le quart des effectifs de l’UES, pour un montant total de 1,5 million d’euros, précise Marc Veyron : « Les sommes déposées sont essentiellement issues de la participation distribuée en mai dernier, qui a concerné 10 000 salariés, les versements volontaires s’élevant à 310 000 euros. »

Petits placements favorisés

Dans le détail, ce plan retraite peut recevoir tout ou partie de la quote-part de participation des collaborateurs bénéficiaires, avec un abondement de l’entreprise de 40 % sur les 300 premiers euros, et de 20 % au-delà. L’abondement total pour la participation transférée sur le Perco est plafonné à 500 euros par an et par salarié. Les versements volontaires bénéficient, eux, d’un abondement de 40 % sur les 400 premiers euros, et de 20 % ensuite, dans la limite de 200 euros par an.

Une mise au pot différenciée pour favoriser les plus petits placements dont se félicite la CFDT, qui, bien qu’ayant obtenue satisfaction sur ce point, n’a pas signé l’accord. Pour le délégué syndical Frédéric Boloré, le Perco de Capgemini répond surtout à l’obligation légale de proposer, avant le 31 décembre 2012, un dispositif d’épargne retraite à tous les salariés du fait de « la mise en place d’une retraite chapeau pour ses dirigeants » (selon Marc Veyron, « il n’y a pas de retraite chapeau, mais quelques articles 83 dans une société du groupe »). Et, surtout, « l’abondement est faible », estime le syndicaliste, qui voudrait que « la reconnaissance du travail des salariés se traduise par une valorisation de la rémunération immédiate ».

Au-delà d’une position idéologique clairement affichée contre un système de retraite par capitalisation, Claude Devèze, secrétaire général du syndicat national CGT du groupe Capgemini (SNGC-CGT) et délégué syndical de l’UES, a, pour sa part, également vu dans le début des négociations sur le Perco une menace sur l’accord de participation, pour l’heure écartée. « Mais, si de plus en plus de gens placent leur participation en épargne retraite, il est clair que l’entreprise reviendra sur le compte courant bloqué. » En cours de négociation, un avenant technique va d’ailleurs instaurer, ainsi que la loi le prévoit, l’investissement par défaut de 50 % de la participation sur le Perco.

Période d’incertitude

Mais pour Marc Veyron, le Perco répond bel et bien à une demande des collaborateurs. Même s’il reconnaît que le parcours des salariés de SSII est loin d’être linéaire (le secteur est réputé pour son fort turnover et affiche une moyenne d’âge de 33 ans-37 ans à Capgemini), « la génération qui arrive entre dans une période d’incertitude. Elle cherche à se constituer une sécurité par de l’épargne. Le Perco, dont les fonds sont transférables dans un autre Perco en cas de départ de l’entreprise, peut servir à compléter l’apport personnel pour l’acquisition d’une résidence principale. Ce qui est aussi, finalement, une forme d’épargne pour la retraite », argumente-t-il.

Et de poursuivre : « Nous ne pouvons pas prétexter d’une modification de la fiscalité pour reconsidérer le dispositif que nous venons de mettre en place. » De fait, la hausse du forfait social sera, du moins dans l’immédiat, supportée par l’entreprise « sans conséquences pour les salariés ». Voire. « Les NAO sont mal parties et s’annoncent pires encore que l’année dernière, où il avait seulement été question de rattrapage », conclut Claude Devèze.

CAPGEMINI

• Activité : conseil, services informatiques et infogérance.

• Effectifs : 20 000 collaborateurs en France (120 000 dans le monde).

• Chiffre d’affaires monde 2011 : 9,7 milliards d’euros.

Auteur

  • H. T.