E & C : Vous avez été nommée le 8 janvier à la présidence du nouveau Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Quelle est l’origine de la création de cet organisme ?

D. B. : En juillet, la ministre Najat Vallaud-Belkacem m’a demandé de réfléchir à « la reconfiguration d’un nouvel Observatoire de la parité ». En novembre, je lui ai remis un rapport préconisant la création du Haut Conseil, une organisation qui rassemblerait les organismes déjà existants dans ce domaine mais qui étaient plus ou moins en sommeil*. Il deviendrait l’institution de référence pour travailler sur l’égalité hommes-femmes, en concertation avec les autres pays européens. J’ai demandé à ce qu’il soit rattaché au Premier ministre, afin qu’il puisse perdurer même si le ministère des Droits de la femme devait un jour être à nouveau supprimé.

E & C : Comment s’articule le rôle du Haut Conseil avec celui du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle qui, lui, perdure ?

D. B. : Ils sont complémentaires. Le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, présidé par la ministre elle-même, est centré sur le domaine professionnel.

Il travaille sur les décrets et les textes de lois. C’est un organisme dans lequel les organisations syndicales sont représentées. Ce que nous n’avons pas voulu faire pour le Haut Conseil – même si je le regrette. Celui-ci interviendra en amont et en aval du Conseil supérieur, pour évaluer les politiques mises en place, mais il ne sera pas un organisme de saisine pour des cas personnels. Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur, siégera au Haut Conseil.

E & C : Quelles sont les missions prioritaires que vous vous assignez ?

D. B. : Nous allons travailler à la prise de conscience publique que, si l’égalité entre les hommes et les femmes existe dans les textes de loi, ce n’est pas le cas dans la réalité : les écarts de salaires et la faible présence des femmes aux postes à responsabilités en sont la preuve. Nous allons aussi montrer que, comme l’indiquent différentes études, la question du genre est une construction sociale. Or l’égalité entre les hommes et les femmes passe par l’égalité des genres. Enfin, nous allons accompagner la mise en place de la parité dans la sphère politique, économique et sociale.