Psychiatre, médecin du travail, directeur de recherche à l’EHESS, Claude Veil a été l’un des fondateurs de la psychopathologie du travail dès l’immédiat après-guerre. Praticien infatigable qui cherchait à saisir le travail dans sa réalité concrète avant même d’avoir recours à la théorie, il avait fait sienne la formule de Georges Friedmann selon laquelle « des millions de travailleurs de par le monde sont plus grands que leur tâche ».

En effet, le travail peut certes être une activité épanouissante, voire utile dans le traitement de certaines maladies mentales, il n’en reste pas moins que la réalité pour nombre de travailleurs est celle de situations de travail pathogènes, caractérisées par l’empêchement du mouvement spontané, de la pensée, de l’éprouvé ou encore la perte de signification au travail. Outre une phénoménologie du travail et de ses dérives productivistes susceptibles de compromettre la santé, les textes rassemblés ici font notamment leur place aux situations particulières du travail des femmes, des seniors, de ceux qui reviennent après une maladie, un accident ou une longue période de chômage pour interroger leur rapport aux exigences du travail. L’auteur se penche également sur la question de la fatigue au travail pour en analyser finement les différents degrés, formes et conséquences sur la tâche et sur la santé. Occasion pour lui de rappeler que les conditions d’un rapport équilibré et épanouissant au travail sont aussi bien l’affaire d’ajustements individuels que de l’organisation du travail lui-même.

Vulnérabilités au travail

Claude Veil, Érès, 352 pages, 16,50 euros.