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Enquête

L’ALLEMAGNE MISE À NOUVEAU SUR LE CHÔMAGE PARTIEL

Enquête | publié le : 15.01.2013 | MARION LEO

Au ministère allemand de l’Économie, on s’efforce de minimiser l’importance de la mesure : à compter de janvier 2013, le dispositif du chômage partiel sera certes progressivement redéployé, mais il s’agit d’une « mesure préventive », a insisté un porte-parole, précisant que l’économie allemande se trouvait toujours en bonne santé. Et d’ajouter : « Mais nous voulons donner aux entreprises un nouvel instrument leur permettant de réagir rapidement en cas de détérioration soudaine de la conjoncture. »

Aides exceptionelles

Depuis que le dispositif du chômage partiel a permis de sauver 285 000 emplois durant la crise de 2008 et 2009, il fait partie des instruments les plus appréciés outre-Rhin, tant par les syndicats, les partis politiques que les employeurs. L’entreprise doit en faire la demande auprès de l’Agence fédérale pour l’emploi, qui prend à sa charge 60 % (personnes sans enfant) à 67 % (avec enfant) de la perte de salaire net des salariés concernés. Durant la crise de 2009, le gouvernement avait allongé la durée maximale de ces mesures, de six mois initialement, à dix-huit mois, puis à vingt-quatre mois. Il avait pris à sa charge d’abord la moitié, puis l’intégralité des charges sociales incombant aux employeurs après six mois de chômage partiel. Ce dispositif avait été également élargi aux intérimaires. Coût total pour l’État : 5,4 milliards d’euros.

Début janvier 2012, ces mesures d’aide exceptionnelles ont été supprimées par le gouvernement. Mais, en 2013, elles seront en partie réintroduites. Les entreprises pourront ainsi bénéficier des mesures de chômage partiel sur douze mois, au lieu de six mois actuellement.

Ce faisant, le gouvernement a répondu à un appel lancé par les syndicats et les fédérations patronales, qui prônaient depuis des mois un redéploiement du dispositif au regard du ralentissement de la conjoncture économique. « Nous ne devons pas perdre de temps et être prêts au cas où la situation se détériore vraiment », avait averti Rainer Dulger, le nouveau président de la fédération des entreprises métallurgiques Gesamtmetall. « Il serait exagéré de comparer la situation actuelle à une crise grave, mais les signes de détérioration sont là », avait renchéri son homologue au sein du syndicat IG Metall, Berthold Huber.

D’août à septembre 2012, le nombre d’entreprises ayant déposé une demande de chômage partiel a progressé de 24 000 à 58 400. Pour 2013, l’Agence fédérale pour l’emploi table sur environ 200 000 personnes en chômage partiel. On est encore loin des 1,4 million de salariés concernés par ce dispositif en mai 2009 (1,1 million en moyenne annuelle), mais les demandes déposées par de grands groupes allemands ont réveillé les craintes.

Le constructeur de poids lourds MAN a annoncé qu’il allait placer, à compter de mi-janvier, 5 300 salariés en chômage partiel durant six mois. Ce dispositif est déjà en vigueur depuis l’été dernier chez Opel (11 000 personnes jusqu’à fin 2012), Ford (4 000 salariés) et aussi chez Bosch, Infineon, SMS ou encore Wacker Chemie. Outre-Rhin, on mise à nouveau sur le chômage partiel pour préserver le « miracle de l’emploi allemand ».

Auteur

  • MARION LEO