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Des intérimaires en piste pour la reconversion

Pratiques | publié le : 22.01.2013 | CHRISTIAN ROBISCHON

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Des intérimaires en piste pour la reconversion

Crédit photo CHRISTIAN ROBISCHON

Pour répondre aux besoins de l’industrie aéronautique, les agences de travail temporaire tentent de reconvertir leurs intérimaires, en particulier ceux laissés sur le carreau par la crise dans l’automobile. Mais les passerelles se révèlent complexes à mettre en œuvre.

A première vue, les choses sont simples. D’un côté, l’industrie automobile qui renvoie ses intérimaires par milliers. De l’autre, l’aéronautique qui recrute dans les mêmes proportions. Entre les deux, des socles de compétences apparemment très identiques, qui rendent réaliste une heureuse transition professionnelle d’un secteur vers l’autre.

Une à une, les entreprises de travail temporaire ont adopté ce raisonnement ces derniers mois. Elles ont amplement informé leurs intérimaires de l’automobile des possibilités existant dans l’aéronautique et monté des formations de quelques semaines, après avoir dressé une liste d’une dizaine de métiers transférables, par exemple le peintre industrie et le mécanicien. De même, le tourneur et le fraiseur peuvent devenir ajusteur cellule pour le montage-assemblage de structures aéronautiques, l’électricien et l’électrotechnicien se reconvertir en monteurs-câbleurs.

Moins de candidats que prévu

Or, le premier bilan est assez décevant. Randstad France fait état d’une vingtaine d’anciens intérimaires de l’automobile qui suivent actuellement une formation de reconversion, coûteuse (1 000 euros la semaine), financée par le groupe d’intérim. En ouvrant la “passerelle” à d’autres spécialités comme la métallurgie ou la confection, le total est porté à 40 mais, Randstad France le reconnaît, c’est une goutte d’eau par rapport aux besoins. Et par rapport au potentiel : le groupe avait identifié 400 candidats.

L’initiative bute sur un double manque de mobilité : géographique et sectorielle. « Les deux conjugués constituent de loin le premier motif de refus de reconversion, pour environ 80 % des candidats », souligne Laurent Duverger, manager du centre expert aéronautique de Randstad France. Compte tenu des fiefs respectifs de l’automobile et de l’aéronautique, passer de l’un à l’autre implique souvent de déménager du Nord, de l’Est ou de Bretagne vers le Sud-Ouest, le Sud-Est ou la région parisienne.

En cause également, un écart de compétences plus important qu’attendu. Il a fait échouer plus d’un candidat aux tests d’évaluation technique préalables à la formation à Randstad. « C’est moins un problème de maîtrise technique que d’état d’esprit : l’aéronautique obéit à un code de procédures si spécifique et si exigeant qu’il n’est pas facile pour un candidat expérimenté de l’automobile de s’y conformer », observe Laurent Duverger. Autre frein, selon Crit Intérim, les postes de travail ne se recoupent pour l’essentiel que sur les emplois les plus qualifiés, ce qui limite les opportunités.

Néanmoins, Manpower France présente un bilan plus encourageant. Le groupe annonce avoir formé en 2012 aux métiers de l’aéronautique près de 1 000 intérimaires venant de l’automobile et d’autres industries traditionnelles comme la métallurgie ou la sidérurgie, par des sessions qui varient de 35 heures à 230 heures, ces dernières par exemple pour reconvertir un agent de fabrication automobile en monteur-câbleur aéronautique.

« Ce résultat est le fruit d’une analyse préalable très méthodique, d’un travail de fourmi, explique Géraldine Trentesaux, directrice grands comptes industrie. Grâce au diagnostic de nos 16 agences spécialisées en aéronautique dans le sud-ouest, l’Ile-de-France, le nord, le centre-ouest et en région Paca, à l’organisation de forums emploi et à la participation à des salons aéronautiques, nous avons dressé une cartographie précise des entreprises qui recrutent, de leurs besoins en métiers et qualifications. Nous avons ensuite identifié les profils avec des compétences transposables, en privilégiant la recherche de solutions dans un même bassin d’emploi, ainsi que les profils avec des compétences aéronautiques à créer à travers un parcours professionnel. »

Pour certains métiers en tension localement, un accompagnement à la mobilité géographique a pu être proposé, autant pour les ingénieurs et techniciens que dans les métiers de la production : aide à la recherche d’un nouveau logement, soutien financier à la location de voiture, accompagnement du conjoint dans ses démarches de recherche d’emploi. L’action se poursuivra en 2013 et au-delà, annonce Manpower France.

L’ESSENTIEL

1 Les entreprises de travail temporaire ont identifié une dizaine de métiers transférables entre le secteur automobile, en crise, et celui de l’aéronautique, qui recrute.

2 Elles tentent de construire des mobilités entre ces deux secteurs – mais celles-ci ne sont pas aussi massives qu’escompté – et demandent une analyse fine des besoins.

3 Chez Latécoère, des formations en alternance sont proposées à des intérimaires en reconversion issus de différents secteurs.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON