Le titre du livre de Thibault Lanxade, chef d’entreprise très engagé au Medef, n’est pas seulement provocateur, il est ambigu puisque, par “patronat”, il n’entend pas les patrons au sens de chefs d’entreprise assumant la responsabilité stratégique au sein de leurs organisations respectives, mais bien “le patronat” en tant que classe, voire caste, tenant son identité collective de sa place dans les organisations patronales. Cette ambiguïté est à elle seule révélatrice de l’intention de l’auteur, qui entend déterminer à travers treize entretiens réalisés auprès d’entrepreneurs, d’économistes, de responsables politiques et d’experts des questions syndicales comment, et dans quelle mesure, les organisations professionnelles représentent bien les intérêts de la classe patronale.

Rien d’étonnant à ce que les opinions des interviewés divergent en fonction de l’entreprise qu’ils représentent ou de leur place en tant qu’observateur. En revanche, les pistes de réflexion que propose l’auteur reviennent, au-delà de ces différences, à tenter de redéfinir des enjeux et une stratégie commune pour des syndicats qui, selon l’aveu même de l’auteur, représentent une réunion plutôt disparate de patrons. Là où les acteurs sont divers et leurs intérêts pas toujours convergents, Thibault Lanxade propose de recentrer l’action sur l’intérêt économique du “patronat” dans sa globalité, au-delà même du dialogue social qui accapare parfois les chefs d’entreprise à plein temps, risquant de leur faire oublier le cap à tenir pour développer l’économie et leurs entreprises. Par opposition donc au “salariat”représenté pour sa part par les différentes confédérations syndicales de salariés. Dommage de réduire ainsi les choses quand la question du rôle des corps intermédiaires en démocratie est une vraie question, surtout en période de mutations économiques.

Un patronat pour quoi faire

Thibault Lanxade, Nuvis, 212 pages, 19 euros.