C’est une tendance de fond : le marché du réseau social d’entreprise (RSE) décolle, avec une croissance de 170 % en 2012. Le cabinet de conseil en organisation et nouvelles technologies Lecko, qui vient de livrer sa 5^e étude annuelle sur ces plates-formes collaboratives, prévoit une année 2013 sur le même rythme. À ce jour, « 70 % des entreprises du CAC 40 ont un RSE opérationnel ou en cours de déploiement », constate le cabinet.

Selon Lecko, le RSE a cinq domaines d’application majeurs, dont la collaboration, la communication ou encore la gestion de la relation client. Mais les usages restent assez similaires à ceux des intranets collaboratifs. Bien que déployés à grande échelle, ces outils sont encore souvent utilisés comme des espaces de diffusion classiques. Et « l’entreprise cherche sa voie pour se transformer ».

Du coup, aux démarches habituelles qui consistent à créer des communautés de pratiques – difficiles à généraliser – se greffent maintenant des approches centrées sur la productivité personnelle. Avec de nouvelles fonctionnalités (comme la gestion des tâches) offrant un bénéfice direct et immédiat aux collaborateurs. De quoi doper l’adhésion à l’outil, en attendant un bénéfice collectif sur le long terme, reposant sur une véritable organisation en réseaux.

Mais le RSE ne suffira pas à mobiliser l’intelligence collective. L’adoption de nouveaux usages se heurte à des résistances. Notamment chez les managers intermédiaires, qui doivent inciter les collaborateurs à se mettre en relation avec d’autres, sans leur reprocher ensuite d’avoir passé du temps à aider un collègue. « Il leur faut aussi accepter que dans ces espaces semi-publics s’affichent des avis contradictoires », considère Arnaud Rayrole, directeur général de Lecko, pour qui « le rôle d’accompagnement des DRH est essentiel. Ils doivent réussir à intégrer, dans les processus d’évaluation, la façon dont les managers se saisissent de ces modes d’organisation en réseau ». À éviter : la tendance à vouloir récompenser les plus gros contributeurs, en perdant de vue l’aspect collaboratif.