Plein emploi : en attendant Godot

Le bilan de la lutte contre le chômage depuis quarante ans est sombre : d’un côté, un gouffre pour les finances publiques, de l’autre, un résultat incertain en termes de créations d’emploi et un système qui fonctionne comme une trappe à bas salaires. Selon les auteurs, spécialistes de l’emploi et de la formation, nous continuons cependant à considérer les problèmes d’emploi comme un accident de l’histoire qui devrait être oublié dès que nous serons sortis de cette longue crise. Pour eux, il est temps de considérer le chômage comme un problème structurel et non strictement conjoncturel.

Les chiffres qui servent à mesurer le chômage sont d’ailleurs faux, et tout le monde le sait, puisqu’ils reviennent à ne comptabiliser dans les statistiques officielles qu’une seule catégorie de demandeurs d’emploi : celle des personnes qui n’ont pas travaillé au cours du mois passé et qui recherchent un emploi à plein-temps. Le problème est donc largement plus grave que ne le disent les chiffres officiels. Le bilan au plan de la formation continue n’est guère plus réjouissant : cela coûte des sommes astronomiques, et le résultat en termes d’adéquation des compétences aux emplois n’est pas convaincant.

Avant de continuer tête baissée dans des politiques forcées de réduction du coût du travail ruineuses pour les finances publiques, il conviendrait de réfléchir aux conditions de la compétitivité en termes d’orientation scolaire, de formation, d’administration et de solidarité. Il est clair que, si l’on ne se pose pas les bonnes questions, on peut attendre indéfiniment les bonnes réponses.

Emploi, ne pas renoncer

Éric Lafond et Vincent Beley, L’Harmattan, 146 pages, 14,50 euros.