Les jeunes générations sont dans la situation paradoxale et très inconfortable d’être souvent plus diplômés que leurs parents, mais de se retrouver marginalisés dans l’entreprise. D’une part ils ont du mal à y pénétrer, de l’autre ils y sont considérés comme la variable d’ajustement une fois qu’ils y sont parvenus.

Les entreprises ont beau jeu de dénoncer le manque de motivation des jeunes, attendant d’être remerciés à la fin de leur CDD. À l’intérieur des organisations, la lutte pour la reconnaissance et pour la promotion professionnelle fait rage. Dès lors, la concurrence entre les individus pour se faire une place dans l’entreprise conduit-elle au désengagement des plus jeunes vis-à-vis des enjeux collectifs au travail, notamment des enjeux syndicaux ? Pour l’auteur, philosophe et sociologue, rien n’est moins sûr (lire Entreprise & Carrières n° 1134). À partir de deux études qualitatives réalisées auprès de jeunes engagés ou non dans l’action syndicale, il dégage de grandes tendances générationnelles par rapport à l’engagement syndical et politique.

Concernant le premier, malgré une certaine méfiance vis-à-vis des centrales en place et un retrait lié au fait que militantisme syndical et plan de carrière ne font pas toujours bon ménage, les jeunes ne semblent ni passifs ni indifférents aux problèmes collectifs.

Concernant le second, le défaut d’engagement des jeunes incombe sans doute davantage aux politiques, qui ne prennent pas en compte leurs problèmes, qu’aux jeunes eux-mêmes. Professionnellement comme socialement, les jeunes sont bien précarisés mais pas démotivés !

Précarisés, pas démotivés !

Michel Vakaloulis, éditions de l’Atelier, 144 pages, 16 euros.