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Une patiente remobilisation des salariés

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 12.03.2013 | FLORENCE ROUX

En huit mois, la cellule confiée à Anveol pour reclasser les ex-Sernam-Aster a permis aux deux tiers de ses adhérents d’engager une démarche de retour vers l’emploi. Dans un contexte de mobilisation inédite des professionnels du transport.

Avril 2012. Le transporteur Sernam Services, en redressement judiciaire, est repris par le duo Geodis-Calberson et BMV, qui conserve moins de 800 des 1 600 salariés. L’État et les partenaires sociaux confient alors à Anveol la cellule de reclassement des 752 personnes licenciées (611 de Sernam et 141 de sa filiale Aster). Le PSE – 2,8 millions d’euros – est financé par Butler Capital Partners, propriétaire de Sernam depuis 2006.

Bourse à l’emploi peu investie par les salariés

En cette veille d’élection présidentielle, l’avenir de Sernam-Aster donne lieu à maintes réunions entre État, partenaires sociaux, Pôle emploi et entreprises. Avec des déceptions. Ainsi, la SNCF « avait promis 500 emplois et n’en proposera que 200, pour une quinzaine d’embauches effectives », regrette Maxime Dumont, secrétaire général de la CFDT Transports. Qui a en revanche apprécié la mobilisation inédite des fédérations de transporteurs, la FNTR et TLF* (lire l’encadré). Ainsi, elles créent une bourse à l’emploi en accès direct dédiée aux Sernam-Aster. Vite alimentée par quelques centaines d’offres, cette bourse a été « trop peu investie par les salariés », selon Jean-Benoît Sangnier, directeur délégué de TLF. « Mais il fallait compter avec leur moyenne d’âge élevée et leur sentiment d’avoir été trahis par la SNCF, explique le leader CFDT. Certains, avec trente ans de métier, avaient vécu trois plans sociaux. Ils avaient aussi du mal à accepter des postes avec d’importantes pertes de salaires ».

C’est dans ce contexte, « complexe », reconnaît Guillaume Allais, président d’Anveol, que démarre la cellule de reclassement, « avec pour défi de remettre dans une dynamique des personnes affectées par des mois de doute ». Choisi, selon Maxime Dumont, pour sa « taille humaine et une large présence sur le territoire », le cabinet conseil installe un numéro vert qui reçoit 219 appels en quatre mois. « Un outil de transition, souligne Nathalie De Oliveira, pilote de la cellule à Anveol, à la fois pour rassurer et informer sur les dispositifs. »

Mise en confiance

Parallèlement, les 65 conseillers d’Anveol, à proximité des 70 sites de l’entreprise, organisent l’accompagnement « sans suivi type, souligne Nathalie De Oliveira. Nous avons soigné la mise en confiance, puis les étapes se sont déroulées au rythme de chacun. » Pour la recherche de postes – notamment de conducteurs ou d’agents d’exploitation – la cellule a créé une bourse à l’emploi, en réutilisant notamment celle des transporteurs. « Nous avons contacté 2 000 entreprises, ajoute Nathalie De Oliveira, pour faire savoir aux employeurs qu’ils avaient accès à des centaines de CV spécialisés. » Côté formation, là encore, « les professionnels ont tous joué le jeu », souligne Guillaume Allais, ce qui permet un investissement de 1,1 million d’euros, dont 741 000 euros de l’Opca transports et le reste sur les fonds du PSE pour couvrir plus de 268 formations.

Premier bilan

554 personnes ont adhéré au dispositif de reclassement et 482 en sont sortis fin 2012. Le dispositif est prolongé jusqu’à octobre 2013 pour des ex-salariés qui peuvent y adhérer jusqu’en avril 2013. Parmi les adhérents en 2012, près de 66 % (365 personnes) ont engagé un projet. « Ils se sont mis dans la dynamique », relève Nathalie De Oliveira. Début 2013, 158 personnes étaient en poste : 105 en CDI, 22 en CDD de plus de six mois, 25 en CDD de moins de six mois, 6 dans le cadre d’une création d’activité. Côté formation, 62 ex-salariés avaient engagé un parcours qualifiant et 79, une formation courte. Enfin, 66 personnes avaient réintégré la cellule d’Anveol après une période de formation ou un emploi temporaire.

Sur ce premier bilan en demi-teinte, Maxime Dumont salue, lui, le travail du cabinet, « dont les conseillers réactifs ont été à l’écoute des salariés ». La mobilisation des transporteurs est une autre satisfaction pour le responsable syndical, qui espère voir aboutir la création d’une bourse à l’emploi spécialisée et permanente dans ce secteur très menacé par les plans sociaux en 2013 : « Seules 12 % des offres du secteur passent par Pôle emploi », remarque-t-il.

* Fédération nationale des transports routiers (FNTR) et entreprises de Transport et logistique de France (TLF)

MOBILISATION INÉDITE
POUR LES SOUS-TRAITANTS FRANCILIENS

En Ile-de-France, où Sernam comptait quelque 300 sous-traitants, l’État, la région et les partenaires sociaux ont signé un accord-cadre en octobre 2012 pour soutenir ces PME par des actions de formation.

Pour un budget global de 250 000 euros, dont 90 000 euros financés par l’État (le reste par l’Opca Transports), ce dispositif a deux objectifs : former les chefs d’entreprise à la recherche de nouveaux marchés, et les salariés pour améliorer leurs compétences ou les aider à se reconvertir. « En fait, seule une dizaine de salariés ont suivi une formation fin 2012, période de forte activité à l’approche des fêtes, relève Pierra Mery, chargée de projet à la Direccte Ile-de-France. Mais le dispositif reste actif jusqu’à fin 2013. » Et, « toutes les fédérations professionnelles se sont mobilisées, prenant en compte les sous-traitants, les effets indirects des restructurations. C’est vraiment nouveau ».

Auteur

  • FLORENCE ROUX