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JOURNÉE « ZÉRO ACCIDENT » CHEZ BOUYGUES

Pratiques | publié le : 23.04.2013 | CAROLINE COQ-CHODORGE

Bouygues Bâtiment Ile-de-France vient de consacrer une journée à la sécurité sur ses chantiers. Tous ses compagnons y ont participé, mais aussi des salariés de sous-traitants et des intérimaires, deux populations très exposées aux accidents.

Le chantier de la piscine Molitor à Paris, futur complexe sportif et hôtelier haut de gamme, était au point mort le 8 avril dernier. Les 60 ouvriers étaient pourtant bien présents, mais, à défaut d’effectuer leurs tâches habituelles, ils assistaient à la démonstration du montage ou démontage d’une passerelle. Même chose sur les 700 chantiers de Bouygues Bâtiment Ile-de-France, tous à l’arrêt pour cette journée intitulée “Bâtir en toute sécurité”.

Onze mille personnes ont reçu des formations à la sécurité ce jour-là, dont 6 400 salariés de la filiale francilienne de Bouygues Construction, mais aussi 3 500 salariés de sous-traitants et quelques centaines d’intérimaires. « C’est une journée symbolique, une manière de marquer les esprits de nos collaborateurs », explique Philippe Fabié, Pdg de Bouygues Bâtiment Ile-de-France, qui rappelle que son entreprise consacre par ailleurs « 4,2 % de sa masse salariale à la formation, dédiée à 60 % ou 70 % à la sécurité ».

Équipements de protection et tests d’alcoolémie

Cette journée était également l’occasion pour l’entreprise de prendre plusieurs engagements. En plus du port du casque et des chaussures de sécurité, d’autres équipements de protection sont désormais obligatoires : lunettes de protection, gants, protections auditives contre le bruit, gilet haute visibilité. Des tests collectifs d’alcoolémie vont bientôt être pratiqués sur les chantiers. Enfin, une convention de partenariat a été signée, le 5 avril, avec l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), afin de renforcer la prévention des accidents chez les sous-traitants.

C’est la deuxième journée de ce type organisée par Bouygues Bâtiment Ile-de-France. La première a eu lieu en 2008 et, depuis… le nombre d’accidents a peu évolué : soit 53 accidents avec arrêts de travail en 2008, pour un taux de fréquence d’accident par million d’heures travaillées de 16 ; en 2012, il y a eu 52 accidents avec arrêt de travail et le taux de fréquence est de 14. Philippe Fabié est pourtant satisfait, car depuis 2008 « l’activité a beaucoup augmenté, nous avons donc beaucoup recruté ».

« Bouygues fait de nombreuses actions pour la sécurité, reconnaît Jean-Pascal François, secrétaire fédéral de la CGT Construction. Mais nous avons un gros souci avec les salariés détachés : les intérimaires et les sous-traitants. » Philippe Fabié reconnaît que le nombre d’accidents est plus important dans ces populations : « En 2012, le taux de fréquence des accidents chez les intérimaires a été deux fois plus important. » Quant aux sous-traitants, « nous n’avons pas de chiffres », affirme-t-il.

Bruno Magnin, responsable de la prévention de Bouygues Bâtiment Ile-de-France et adhérent à FO construction, le principal syndicat chez Bouygues, admet que « ces résultats ne sont pas satisfaisants. Et nos propres compagnons finissent par ne pas comprendre que le niveau d’exigence ne soit pas le même ».

Des sous-traitants à accompagner

Bouygues Bâtiment Ile-de-France a donc signé en juillet 2012 une convention de partenariat avec sept entreprises de travail temporaire. D’ici à 2015, elles devront avoir dispensé 1 000 actions de formation. Côté sous-traitants, Philippe Fabié assure « travailler le sujet depuis dix à quinze ans. Ils sont cependant en retard, il nous faut les accompagner ». La journée “Bâtir en toute sécurité” leur est par exemple ouverte. Et, dans le cadre de la convention signée avec Bouygues Bâtiment Ile-de-France, l’OPPBTP va organiser des « actions de sensibilisation » à leur intention. Jean-Pascal François est sceptique : « Quand il y a jusqu’à 12 niveaux de sous-traitance, comme sur le chantier de l’EPR de Flammanville, Bouygues ne contrôle plus rien. »

Auteur

  • CAROLINE COQ-CHODORGE