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« Il faut réorienter les emplois d’avenir vers le secteur marchand et la formation »

Actualités | publié le : 30.04.2013 | ÉLODIE SARFATI

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« Il faut réorienter les emplois d’avenir vers le secteur marchand et la formation »

Crédit photo ÉLODIE SARFATI

E & C : Vous êtes coauteur d’une note publiée le 24 avril par le CAE sur l’emploi des jeunes peu qualifiés en France*. Quelle est leur situation ?

S. C. : On compte en France près de 1,9 million de jeunes NEET : ni en emploi, ni en éducation, ni en formation. La moitié d’entre eux ne cherchent même plus d’emploi, ils sont à la dérive. Par ailleurs, on sait que le niveau d’études joue un rôle décisif dans l’accès à l’emploi. Or la plupart de ces NEET sont peu ou pas qualifiés : 85 % n’ont pas dépassé le lycée et 42 % le collège. Et, en France, l’échec scolaire s’aggrave : 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme chaque année. En cumulé, on compte 900 000 jeunes sans diplômes. Il y a donc une urgence à renforcer leur accompagnement par le service public de l’emploi, à mettre en œuvre des politiques qui leur permettent d’acquérir des compétences adaptées au marché du travail, ou encore jouant sur le coût du travail. Nous proposons par exemple de cibler les contrats de génération sur les bas salaires.

E & C : Les emplois d’avenir, qui intègrent une formation obligatoire, sont-ils une réponse adaptée ?

S. C. : Toutes les études montrent que l’emploi aidé dans le secteur non marchand n’a aucun impact sur l’insertion future, car il ne permet pas aux bénéficiaires d’acquérir des qualifications valorisables et reconnues par les employeurs du privé. Les formations des emplois d’avenir n’ont d’intérêt que si elles sont longues et qu’elles correspondent aux besoins des entreprises. C’est pourquoi nous proposons de réorienter les emplois d’avenir vers le secteur marchand, en veillant à ce qu’ils intègrent une formation exigeante, d’au moins un mi-temps.

Et puis certains jeunes ont de telles difficultés qu’ils ne peuvent pas travailler, même en emploi d’avenir. Ils ont besoin de réapprendre les savoirs de base. C’est pourquoi nous plaidons pour que soit aussi renforcée l’offre de formations dans les écoles de la deuxième chance – É2C –, ou dans les Épide. Aujourd’hui, ces structures, qui sont efficaces pour une insertion durable, disposent de 22 500 places. C’est trop peu. En réorientant les financements prévus pour les 150 000 emplois d’avenir, on pourrait financer, à budget constant, 75 000 formations d’avenir en Épide ou en E2C, et 120 000 emplois d’avenir dans le secteur marchand, pris en charge à hauteur de 50 % par l’État.

* Note du Conseil d’analyse économique, avec Pierre Cahuc et Klaus F. Zimmermann.

Auteur

  • ÉLODIE SARFATI