Espace, lumière, couleurs. Et parmi elles, l’orange. Partout au nouveau siège de France Télécom-Orange, des signes distinctifs rappellent l’identité de l’opérateur de téléphonie à travers des dessins, des touches de couleur et… de vieux téléphones filaires qui trônent ici et là.

France Télécom-Orange est résolument passé à la modernité en investissant un immeuble de 16 étages, précédemment occupé par Canal + puis par le ministère de la Jeunesse et des Sports, rue Olivier-de-Serres, dans le 15^e arrondissement de Paris. L’opérateur a saisi l’opportunité de sa fin de bail pour déplacer ses équipes de la place d’Alleray, située aussi dans le 15^e. Environ 1 000 collaborateurs des équipes de directions corporate transverses au groupe, ayant un rôle à la fois en France et à l’international, ont donc pris leurs quartiers dans le nouveau siège à l’été 2012.

Auparavant, la direction n’a pas lésiné sur la communication et le dialogue autour du projet : « Nous avons analysé les activités et recueilli les besoins en étant accompagnés par un prestataire spécialisé, explique Florence Fellous, directrice méthodes et déploiement des environnements de travail. Les DRH ont été impliqués dans nos réunions hebdomadaires de suivi. En outre, de l’automne 2010 à juin 2012, de nombreuses visites ont été organisées afin que les futurs occupants donnent leur avis sur les nouveaux espaces proposés. » Une quarantaine d’ateliers ont été organisés, avec pour thème les salles de réunion, l’acoustique, les services aux occupants, etc.

Les prestations de programmation et d’assistance à maîtrise d’ouvrage ont été confiées à Form’a et l’entreprise a fait appel aux cabinets d’architectes DEGW France et à Stéphane Parmentier.

« Nous n’avons jamais parlé d’open space, rappelle Florence Fellous. Nous voulions éviter des zones de circulation dans les espaces de travail. Nous avons d’emblée plutôt parlé d’espaces partagés. » Un grand changement quand, précédemment, environ 40 % des bureaux étaient individuels. Demeurent aujourd’hui 14 % de bureaux individuels, pour les managers, certains collaborateurs des services fusion-acquisition, et les patrons de différentes entités.

Les espaces partagés adoptés sont toutefois de taille réduite : ils réunissent de deux à six collaborateurs en fonction des activités. Avec des exceptions quand les métiers l’exigent, le service de presse par exemple. 32 % des bureaux réunissent deux salariés et 24 % regroupent quatre postes. De plus, chacun peut personnaliser son espace.

Chaque étage est configuré de façon identique, avec les bureaux en premier jour le long de baies vitrées qui offrent, en hauteur, une vue exceptionnelle sur Paris. Des murs de services avec machine à café sont à proximité, des bureaux pour les imprimantes, des espaces détente avec canapés, fauteuils colorés et tables basses, des salles de réunion, des boxes pour s’isoler, des espaces pour se connecter en wi-fi.

Une attention particulière a été portée au bruit : des barrières phoniques sont présentes partout, tant autour du poste que pour les cloisons et les portes.

L’immeuble offre également une salle de téléprésence, une salle Zen pour se relaxer, une salle de sport, une salle de lecture, un espace baby-foot, un « café littéraire » doté de grands fauteuils et de tables basses, sept grandes salles de réunion et un auditorium de 100 places. Sans compter le restaurant d’entreprise proche de la cafétéria aux plages horaires élargies. Et, pour les salariés grands voyageurs, des espaces de détente spécifiques sont prévus avec salles de repos et douche.

« C’est du luxe ! estime pour sa part Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC/Unsa de France Télécom-Orange. Les bureaux sont trop grands alors que des salariés qui auraient pu intégrer ces locaux s’entassent dans d’autres bâtiments. Les organisations syndicales sont allées trop loin dans leur volonté de dédensifier les espaces. »

De son côté, Jean-Luc Deniboire, représentant de SUD PTT et membre de l’inter-CHSCT réunissant six CHSCT, rappelle que les syndicats ont demandé une expertise au cabinet Technologia et assigné France Télécom-Orange en justice pour interrompre ce projet qui dégradait selon eux les conditions de travail. « Au départ, certains salariés pouvaient disposer de moins de six mètres carrés, affirme le syndicaliste. Un protocole de sortie de crise a finalement été signé et nous ne descendons aujourd’hui pas plus bas que 8 mètres carrés par personne pour des espaces de travail à quatre postes. Nous avons notamment récupéré des espaces dans l’environnement de Stéphane Richard et du comex. Même si nous n’avons pas obtenu le respect de la norme Afnor, l’aménagement retenu est malgré tout bien meilleur que celui d’autres sites. » Selon la direction, le ratio au mètre carré n’est pas « un prérequis ». « Il doit être la conséquence de fonctionnalités proposées aux salariés, l’essentiel est de retenir le bon aménagement en fonction de l’activité du salarié », avance-t-elle.

Pas étonnant qu’elle ait engagé la discussion autour d’un accord de méthode sur la conduite des grands projets immobiliers, signé le 10 avril par la CFDT, la CFE-CGC/Unsa et FO. Texte qui sera suivi d’une deuxième négociation sur les principes d’aménagement des espaces de travail tertiaires pour le groupe en France.

• Activité : télécommunications.

• Effectifs : 105 000 salariés en France.

• Chiffre d’affaires 2012 : 21,4 milliards d’euros en France.