logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

2013 : ANNUS HORRIBILIS

Enquête | publié le : 21.05.2013 | E. F.

Image

Au cours de cette année 2013, pensez-vous avoir à gérer des situations telles que :

Crédit photo E. F.

À rebours du gouvernement, qui maintient son objectif d’inverser la courbe du chômage à la fin de l’année, les DRH sont pessimistes sur les perspectives de l’emploi dans leur entreprise.

Gel des embauches, gel des salaires, recours à l’intérim, plan de recrutement, chômage partiel. Sur tous ces indicateurs, les réponses des DRH au sondage Défis RH concordent : 2013 sera une année noire pour l’emploi dans leur entreprise. Alors que 36 % des DRH ont déjà dû geler les embauches l’an passé, 40 % pensent qu’ils vont devoir en passer par là en 2013. Même tendance sur l’intérim, indicateur avancé du marché de l’emploi : seuls 24 % prévoient d’y avoir recours (31 % en 2012). Logiquement, les prévisions de plans de recrutement sont en baisse (-6 points), en ligne avec celles de l’Apec sur les intentions d’embauche de cadres (-4 points au deuxième trimestre par rapport à l’année dernière). L’anticipation de chômage partiel est en hausse (+ 4 points). Quant au contrôle de la masse salariale par le gel des salaires, il est au programme d’un tiers des DRH (+ 7 points). Seules les prévisions de plans sociaux restent stables.

Les DRH pécheraient-ils par pessimisme ? Après plusieurs années de réduction des effectifs et de la masse salariale, un peu de découragement serait compréhensible. Mais il n’en est rien, si l’on se réfère à leurs prévisions passées. Celles de l’année dernière étaient même parfois trop optimistes : 34 % avaient prévu de geler les embauches, 36 % l’ont fait ; 23 % prévoyaient de geler les salaires, 26 % l’ont fait ; 27 % prévoyaient un plan de recrutement, 20 % l’ont fait. En revanche, les DRH ont été un peu pessimistes sur l’intérim puisque 31 % y ont eu recours alors que 28 % le prévoyaient.

Anticipation cohérente

« L’anticipation des DRH est cohérente et traduit strictement la situation économique », estime Jean-Pierre Basilien, directeur d’études pour Entreprise & Personnel. « Les entreprises n’ont pas beaucoup de visibilité sur leur carnet de commandes », déclare Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH et DRH France de Solvay.

La situation des jeunes et des seniors connaît un « tassement » par rapport à l’année dernière, selon Luc Vidal, directeur général d’Inergie. Ainsi, parmi les DRH ayant recruté au cours des douze derniers mois, 29 % (-4 points) déclarent avoir embauché une part significative (+ de 6 %) de seniors (+ de 50 ans). Tandis que parmi ceux qui ont réduit leurs effectifs, 26 % précisent que les seniors constituaient le gros de la charrette (ils étaient 22 % l’année dernière).

À l’autre bout du marché du travail, la situation se dégrade également : 41 % des DRH comptent augmenter la part des contrats en alternance dans leurs effectifs, contre 54 % en 2012. Plus des trois quarts des entreprises interrogées dans le cadre de notre baromètre sont d’ailleurs en dessous du quota de 4 %.

Et ce n’est pas le contrat de génération, entré en application à la mi-mars, qui va changer la situation. Seuls 21 % des DRH estiment que ce nouveau dispositif – qui lie une incitation/pénalité financière à l’embauche d’un jeune et au maintien d’un senior – va les inciter à embaucher des jeunes. Les entreprises de moins de 300 salariés, pourtant bénéficiaires d’une aide de 4 000 euros, sont à peine plus convaincues (30 %). « Le contrat de génération ne trouve pas son public », commente Luc Vidal. Le gouvernement espère pourtant que 100 000 seront signés chaque année.

Effets à long terme

En revanche, les DRH sont nettement plus séduits (56 %) par les accords de maintien dans l’emploi créés par la loi de sécurisation, d’origine syndicale (lire Entreprise & Carrières n° 1140 du 16 avril). Mais, comme le note Jean-Christophe Sciberras, « les mesures prévues dans l’accord et la loi sur la sécurisation de l’emploi ne vont pas produire leurs effets tout de suite, car elles sont conditionnées à des accords d’entreprise ; en outre, il faudra du temps pour réduire les inhibitions des employeurs vis-à-vis des recrutements en CDI ». Selon une étude du Conseil d’analyse économique publiée fin avril, l’aide prévue de 4 000 euros devrait être réservée aux salaires inférieurs à 1,6 smic afin de « limiter les effets d’aubaine ».

Auteur

  • E. F.