logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

CASINO EXPERIMENTE LE “KFE CV CHEZ L’HABITANT”

Pratiques | publié le : 04.06.2013 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

Pour trouver des candidats à l’alternance, des recruteurs du groupe Casino testent le contact direct avec des jeunes très éloignés de l’emploi lors de “Kfé CV chez l’habitant” imaginés par le cabinet de médiation Nes & Cité. Les entretiens de prérecrutement ont lieu à domicile.

« On nous dit souvent que l’emploi ne viendra pas frapper à notre porte… Mais aujourd’hui, si ! » Au 15e étage de sa tour de Vaulx-en-Velin, près de Lyon, Naïla n’en revient pas. Trois recruteurs du groupe Casino sont bel et bien assis dans son canapé : Emmanuelle Nogarotto, responsable stages et alternance, et deux de ses jeunes adjoints. À leurs côtés, cinq Vaudais de 16 à 20 ans.

Avec sa mère, Naïla a accepté d’accueillir chez elle ce “Kfé CV chez l’habitant”, une innovation que vient de lancer Abdel Belmokadem, fondateur et dirigeant du cabinet de médiation Nes & Cité. Depuis avril, Casino, qui cherche toujours à élargir le sourcing pour ses métiers en ? tension (boulanger, poissonnier…), a testé plusieurs fois le concept de ces rencontres en appartement, cadre plus familier aux candidats que peut l’être un bureau. À Saint-Étienne, les RRH ont rencontré trois jeunes mères célibataires arrivées d’Algérie et aux parcours « compliqués », mais très motivées. À Vaulx-en-Velin et à Pierre-Bénite, les médiateurs de Nes & Cité sont allés “prérecruter” des jeunes au pied des immeubles, y compris la nuit.

Des parcours chaotiques

Ce jour-là, chez Naïla, Abdel Belmokadem commence par rassurer : « Rien ne se joue aujourd’hui, oubliez votre CV, on se découvre simplement. » Puis, après leur avoir décrit l’entreprise et ses métiers, Emmanuelle Nogarotto se présente : « J’ai 37 ans, je suis mariée. Mon parcours scolaire a été chaotique, je n’étais pas très motivée… » Les jeunes découvrent une personne qui, comme eux, a vécu des difficultés et qui, entrée chez Casino, y a « gravi les échelons ». « Depuis 2009, poursuit-elle, je m’occupe de l’apprentissage. Je veux transmettre l’idée qu’il est toujours possible de rebondir. » Ceci sans occulter « la complexité d’un parcours en alternance ».

Julien, son adjoint, embraye : « J’ai passé ma licence en cinq ans parce que j’étais obligé de travailler en même temps. Mais, au moins, j’ai appris ce que c’est que de se lever tôt. » À côté de lui, Salima, qui n’osait pas dire qu’elle fait des ménages tout en préparant un BTS par le Cned, se redresse insensiblement. Plus tard, Grégory Fontaine, responsable des médiateurs chez Nes & Cité, décryptera : « Le référentiel commun ne se fait pas sur les difficultés vécues, même si cela peut faire écho. C’est plutôt le fait que la personne de l’entreprise se livre qui déclenche des choses. » Effectivement, peu à peu, on apprend que Djessim, renvoyé du lycée pour bagarre, est surtout un pâtissier dans l’âme, ou encore que Djack, 16 ans, « prend la tête aux profs » depuis le collège pour réaliser des stages…

Des candidats motivés

Sur les 12 premiers jeunes rencontrés, 4 seulement ont été refusés. Aïssatou, qui va plutôt rejoindre l’École de la 2e chance, assure avoir malgré tout « repris espoir ». Cinq autres se sont vu proposer la visite d’un site Casino afin de préciser leur projet. Enfin, trois derniers entrent en stage. Un bilan que Casino juge très positif. L’équipe de recruteurs avoue aussi à ces personnes aux parcours « compliqués » avoir « changé de regard » sur elles : « Au seul vu de vos CV, nous ne vous aurions jamais rencontrés, reconnaît Emmanuelle Nogarotto. Alors que, pour la plupart, vous êtes extrêmement motivés. »

Une expérience qui devrait aider Nes & Cité à convaincre d’autres entreprises de venir prendre un café dans une cité. Quant à Casino, il pourrait poursuivre ses visites à domicile… en zone rurale.

Auteur

  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE