Plusieurs postiers se sont donné la mort depuis 2011. La direction parle à cha­que fois de « cas isolés ». Pourtant, tous ces salariés finissent par constituer un groupe. Après France Télécom et Renault, on constate à La Poste les conséquences ravageuses du passage d’une entreprise de service public à une entreprise soumise aux lois de l’économie de marché où la compétitivité s’acquiert essentiellement sur le dos des salariés. L’auteur, journaliste, a mené l’enquête pour comprendre comment les choses se passent dans l’une des entreprises qui était chère entre toutes au cœur des Français. Fermeture de bureaux de poste, destruction d’emplois, travail en sous-effectifs, recours aux temps partiels, aux contrats précaires, L’entreprise postale sacrifie à tous les clichés du management par le stress dans lequel s’illustre souvent l’économie libérale. L’argument selon lequel La Poste devait accroître sa compétitivité et la satisfaction de ses clients pour qu’ils ne se tournent pas vers d’autres prestataires a fait long feu. Les délais d’acheminement du courrier tendent à augmenter et l’Autorité de régulation des communi­cations électroniques et des postes ne cesse, sans succès, de rappeler à La Poste ses obligations en matière de service universel.

L’entreprise, forte jusqu’à ce jour d’une clientèle captive, semble assez peu soucieuse de la qualité du service rendu au client. Si sa transformation est incontestablement une nécessité, puisque l’activité courrier est en perte de vitesse, celle-ci ne saurait se faire à l’encontre des salariés ni sans un véritable débat public sur la place du service postal dans la société française.

Poste stressante

Sébastien Fontenelle, Seuil, 192 pages, 17 euros.