Pourquoi tenter de sauver l’État-providence alors qu’il est déjà mort, puisqu’il laisse des centaines de milliers de gens sur le bord de la route ? La question qui se pose aux gouvernants n’est donc pas de trouver les moyens de s’accrocher aux solutions du passé, mais de fournir aux individus de quoi vivre décemment dans un contexte où le poids des prélèvements sociaux et celui de la dette sont devenus insupportables.

Pour cela, les auteurs, l’un député et conseiller général de la Marne, et l’autre économiste, rappellent qu’il n’y a pas d’autre choix actuellement que de mettre sur pied un système de protection sociale soutenable, c’est-à-dire efficace et qui ne plombe pas définitivement la croissance à venir. Ils suggèrent donc de diminuer fortement la redistribution réalisée grâce à des prélèvements obligatoires sans contrepartie et de la remplacer par un système d’assurances sociales fondées sur la solidarité, fonctionnant sur le principe de l’échange non marchand plutôt que dans une logique bureaucratique de confiscation des fruits du travail d’un côté, d’assistance de l’autre. C’est ainsi, par exemple, qu’en versant une cotisation retraite, chacun s’acquitterait d’une dette envers les aînés, sans pour autant s’ouvrir un droit de tirage sur les générations futures. En revanche, sa contribution en nature comme en argent à l’entretien de cette génération montante serait reconnue comme un droit à pension. Révolution qui suppose bien sûr d’arrêter d’empiler les systèmes de protection dans une logique de saucissonnage des différentes prestations, une méthode ruineuse… qui ne règle aucun des problèmes de fonds.

La Mort de l’État providence

Arnaud Robinet et Jacques Bichot, Manitoba, 288 pages, 19 euros.