logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

DES DONS DE CONGÉS POUR LES AIDANTS À CASINO

Pratiques | publié le : 12.11.2013 | ROZENN LE SAINT

L’idée est née alors que les parlementaires planchaient sur des projets de loi sur la dépendance et le don de RTT. Les partenaires sociaux de Casino font savoir à la direction que de plus en plus de salariés s’occupent d’un enfant, conjoint ou parent gravement malade ou handicapé. Le 6 octobre 2011, journée nationale des aidants, l’enseigne organise alors une conférence et sonde ses salariés via un questionnaire. « On estime qu’environ 1 % ou 2 % des collaborateurs sont confrontés à un parent vieillissant, un enfant ou un conjoint malade ou handicapé. Nous avons souhaité mener une action de soutien », indique Séverine Reboullet, directrice du pôle santé sécurité au travail et Handipacte.

Fonds dédié

Un peu plus d’un an plus tard, l’accord relatif à la mise en place du congé de l’aidant familial est signé le 7 décembre 2012, encadré par un avenant à celui sur le compte épargne-temps (CET). La direction abonde de 100 jours le fonds dédié aux “congés de l’aidant familial”. Un geste insuffisant, selon la CGT (19 % de représentativité dans l’entreprise), seul syndicat à avoir refusé d’apposer sa signature aux côtés de celles de la direction, de FO, de la CFDT et de la CFE-CGC. « Avec cet abondement initial, nous ne nous défaussons pas. Pour autant, nous souhaitions faire jouer la solidarité entre collaborateurs », justifie Séverine Reboullet.

Périmètre réduit au groupe historique

Par ailleurs, « comme pour le CET, le périmètre de l’accord est réduit au groupe historique, et non aux entreprises dans lesquelles Casino est majoritaire en capital comme Leader Price, Franprix ou Monoprix, regrette Frédéric Bonnard, délégué syndical central CGT. De plus, chaque aidant a le droit de demander seulement 12 jours par an issus de ce fonds, c’est trop peu quand on s’occupe d’une personne gravement malade ou handicapée ». Pour le DSC CFDT, André Moréno, « c’est déjà un premier pas : nous avions perçu que les collègues qui accompagnaient des proches handicapés et en fin de vie se sentaient dépourvus ». Depuis décembre 2012, les salariés se sont privés d’une centaine de congés au bénéfice de leurs collègues, avec un don d’une journée par salarié, en moyenne. C’est un peu moins que les 138 journées offertes aux salariés de Casino bénévoles à la Banque alimentaires de septembre 2009 à décembre 2010. À l’époque, partenaires sociaux et direction s’étaient entendus pour mettre un terme à ce dispositif. Deux ans plus tard, ils ont repris le même principe, mais à destination des aidants. André Moréno revient sur cette expérience non concluante : « Ça n’avait pas fonctionné. Pour le congé de l’aidant, peut-être doit-on communiquer davantage, mais on ne peut pas forcer les salariés à donner leurs jours de repos… », estime-t-il.

Par ailleurs, seule une quinzaine de salariés aidants familiaux ont demandé à en bénéficier. « Nous sommes confrontés à une difficulté majeure : il faut que les collaborateurs prennent conscience que ce sont des aidants familiaux, qu’ils osent le dire et acceptent d’effectuer une demande de congé au nom de ce statut », assure Séverine Reboullet.

Sensibilisation

C’est pour cette raison que l’entreprise poursuit son travail de sensibilisation enclenché en 2011 dans le cadre de la démarche “Aidons les aidants”, en collaboration avec la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), le Centre local d’information et de coordination gérontologique (Clic), les services de santé au travail et une psychologue.

Depuis février, une fois par mois, au siège, elle met à disposition une plate-forme de droit externe sur les questions de tutelle, curatelle, succession, etc. Elle est consultée par une trentaine de collaborateurs chaque mois. « À peine 2 000 salariés travaillent au siège, les collègues des magasins sont exclus de ces ateliers », regrette Frédéric Bonnard, de la CGT. Toutefois, une aide juridique est aussi disponible par Internet et par téléphone pour les 50 000 salariés du groupe Casino.

Auteur

  • ROZENN LE SAINT