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SFR réorganise le travail à Saint-Denis

Pratiques | publié le : 07.01.2014 | ROZENN LE SAINT

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SFR réorganise le travail à Saint-Denis

Crédit photo ROZENN LE SAINT

Près de la moitié des 8 500 collaborateurs de l’opérateur télécom viennent d’arriver sur un campus ultramoderne dans le quartier d’affaires émergent de Seine-Saint-Denis, qui regroupera l’ensemble du personnel des cinq sites franciliens d’ici à fin 2015. Horaires assouplis et télétravail notamment sont les contreparties accordées aux salariés.

Impossible de manquer le nouveau paquebot SFR en passant sur les autoroutes A1 ou A86, juste à côté du Stade de France, en région parisienne. Si ce n’est par sa taille, le bâtiment dessiné par l’agence d’architecture Jean-Paul Viguier ne se démarque pas vraiment des autres immeubles qui ne cessent de pousser dans ce nouveau quartier d’affaires de la Zac Landy-Pleyel, à Saint-Denis (93). Orange, Generali et, dernièrement, la SNCF y ont élu domicile. Mais son gigantisme fait du nouveau siège de SFR « un programme exceptionnel, le plus grand projet privé de bureaux de Seine-Saint-Denis », affirme Olivier de la Roussière, président de Vinci immobilier, qui a contribué à faire sortir de terre le campus, étendu sur 4,4 hectares, en deux ans. Les baux des sites SFR de La Défense, Boulogne-Billancourt et Paris 19e arrivant à échéance, c’était le temps imparti pour installer 4 000 collaborateurs sur 74 000 m2.

Peu de temps pour la concertation

L’empressement a engendré « un manque de concertation pour un projet d’une telle envergure. Nous avons commencé à négocier l’accord relatif au déménagement en septembre seulement », regrette Olivier Lelong, délégué syndical central CFDT.

Si la direction refuse de préciser le montant global de l’investissement, elle ne dément pas le chiffre de 500 millions d’euros qui a été évoqué.

Il reste 60 000 m2 qui seront livrés d’ici à la fin 2015 pour les 4 500 salariés des sites de Nanterre et de Meudon (92) qui rejoindront le gros des troupes de SFR, puisque « le personnel francilien représente près de 90 % des salariés français », selon Vianney Elzière, directeur de l’immobilier. « Il était important de rassembler nos collaborateurs dans un lieu qui favorise le travail d’équipe », insiste Jean-Yves Charlier, Pdg de l’entreprise.

Des durées de transport légèrement augmentées

Le patron de SFR a voulu un siège ultramoderne : « Je vous défie de trouver un interrupteur », lance-t-il, en présentant le site entièrement couvert par le wifi et la 4G. Fini le badge d’entrée, la carte de cantine, les files d’attente à l’imprimante, les interrupteurs pour l’éclairage ou l’ouverture manuelle des rideaux dans ces bureaux où tout est numérique et se commande via un téléphone Samsung Galaxy S4, dont chaque salarié est doté.

L’entreprise met aussi à la disposition du personnel 22 véhicules classiques et 10 voitures électriques pour le covoiturage, développé par Plaine commune et Plaine action entreprises. Car, même si le site est desservi par les RER B et D et la ligne 13 du métro, il reste éloigné pour de nombreux salariés venus des quatre coins de l’Ile-de-France. « Selon les simulations, le temps de transport a augmenté de 0,7 minute en moyenne pour les salariés », minimise Vianney Elzière. Pour faire passer la pilule, un accord a été signé le 25 novembre par la CFDT, la CGT et l’Unsa, faisant passer le remboursement de la carte de transport Navigo de 70 % à 90 %.

Les horaires d’arrivée et de sortie de bureaux et le télétravail ont été assouplis et des aides à l’achat de véhicules électriques et au déménagement ont aussi été prévues. La CFE-CGC, représentative à 29 %, a refusé d’apposer sa signature au texte. Le télétravail, permis deux jours par semaine, n’a pas été suffisamment étendu au goût de Jean-Luc Socrier, délégué syndical d’établissement : « 40 % des équipes et des directions peuvent travailler à distance, contre 20 % auparavant. Néanmoins, nous aurions voulu que le télétravail soit possible sur 40 % du temps de travail. »

Pour rassurer les salariés préoccupés par l’arrivée en terre inconnue du “neuf-trois”, des visites de chantier ont été organisées. Cinq cents personnes se sont déplacées en repérage pendant les travaux dans ce nouvel eldorado de la périphérie parisienne. SFR estime qu’elle réalisera 30 % d’économies par an en coûts de fonctionnement, à terme, par rapport à la structure multisite. « Les charges locatives sont deux fois moins élevées que celles de l’immeuble Sequoïa que nous occupions à La Défense. Même si les taxes locales sont plus importantes à Saint-Denis, nous gagnons au change », compare le responsable de l’immobilier de SFR. D’autant plus que « le bâtiment consomme très peu d’énergie. Six mois par an, il n’y a besoin ni de chauffage ni de climatisation », précise Jean-Paul Viguier, l’architecte. Aux collaborateurs inquiets des rackets à répétition des salariés d’Orange en 2009, eux aussi bien dotés en appareils de nouvelles technologies, l’entreprise a répondu en intégrant Partenaires pour la ville, association de médiation sociale dans les quartiers, à raison d’une participation financière de quelques milliers d’euros par an.

Un nouvel aménagement des espaces de travail

L’autre point qui fâche est la généralisation des open spaces, même si chaque salarié dispose de 0,5 m2 de plus d’espace individuel sur son propre poste, avec 6,5 m2 en moyenne. « L’aménagement des espaces et le nouveau mobilier, qui offrent des lieux pour s’isoler en petit groupe de travail ou tout seul, rendent l’environnement beaucoup plus aéré », plaide pourtant Vianney Elzière. Certaines équipes comme celle du centre de supervision ont profité du déménagement pour réorganiser leur espace de travail. « Auparavant, le bureau des managers était situé au centre pour une proximité immédiate avec leurs équipes, mais ce sont aussi des pilotes qui doivent avoir un œil sur l’écran de supervision. À présent, ils sont regroupés en périphérie de la salle », explique Éric Jan, directeur du centre de supervision.

Pour s’évader des open spaces, des salles de musculation et même un gymnase pour pratiquer les sports collectifs ont été insérés dans le projet. « Generali et la SNCF nous font du gringue pour utiliser notre gymnase », affirme le responsable immobilier. SFR, lui, réfléchit à la mutualisation possible des navettes de bus instaurées par les entreprises déjà implantées pour rejoindre les stations de métro de la ligne 13. Pour l’heure, de la bouche de métro, il faut marcher plus d’un kilomètre à la croisée des autoroutes pour rejoindre le site. Par ailleurs, pour oublier les bruits du passage de l’A1 et de l’A86 à proximité des bâtiments, « l’accent a été mis sur le traitement acoustique », souligne Olivier de la Roussière. Niveau commerces, à l’extérieur, c’est le désert. En attendant leur installation, une conciergerie multifonctions est à la disposition des salariés.

L’ESSENTIEL

1 En décembre 2013, 4 000 salariés de l’opérateur télécom se sont installés au pied du stade de France, à Saint-Denis. Fin 2015, ils seront 8 500 sur le campus SFR.

2 Le chantier, d’un montant estimé à plus de 500 millions d’euros, s’étend sur 44 000 mètres carrés. Le site est équipé de technologies numériques ultramodernes.

3 Les cinq sites franciliens seront regroupés dans ce nouveau siège : la direction estime qu’elle réalisera 30 % d’économies par an en coûts de fonctionnement.

Auteur

  • ROZENN LE SAINT