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Enquête

LA CFDT CONSULTE LES SALARIÉS DE TOULOUSE

Enquête | publié le : 14.01.2014 | CATHERINE SANSON-STERN

Face à un plan de restructuration de la R & D qui divise les syndicats, la CFDT de Sanofi Toulouse a fait du référendum un outil pour légitimer ses actions et établir un meilleur rapport de force avec la direction.

Consultés les 9 et 10 janvier par la CFDT, les salariés de Sanofi Toulouse ont voté à 79 % contre la signature, prévue ce 14 janvier, de l’accord sur les mesures d’accompagnement de la restructuration de la R & D. Le syndicat, fort de 40 % des voix aux élections professionnelles à Toulouse, fait du référendum un outil pour légitimer ses actions et établir un meilleur rapport de force avec la direction.

Déjà, en juin 2013, après l’éclatement de l’intersyndicale qui a suivi la remise du rapport Saintouil (1), la CFDT de Sanofi Toulouse avait interrogé les salariés sur l’opportunité d’« engager des négociations sur les bases des engagements pris en réunion tripartite [2] pour peser en amont sur les options du plan de restructuration de la R & D ». « Le rapport de la mission ministérielle du printemps 2013 a entraî­né une scission entre les syndicats, qui étaient en intersyndicale forte depuis l’annonce du plan de restructuration de la R & D, raconte Pascal Delmas, élu au CE et DS CFDT à Toulouse : entre la CGT, opposée au plan et adepte du “rien-lâcher”, et la CGC, favorable au plan, nous avons décidé de dire “oui” à une restructuration, mais sans casse sociale. »

Mode d’expression des “modérés”

Ce référendum, organisé uniquement à Toulouse sans le soutien des autres syndicats, s’est tenu dans des conditions tendues, mais il a recueilli plus de 50 % de participation et 61,7 % de “oui”. Pascal Delmas se félicite que cet outil permette l’expression de salariés avec des positions plus modérées « qui se seraient fait huer en AG », et de ceux des fonctions RH ou support, impactés par le plan mais qui peuvent difficilement s’exprimer publiquement. Sollicitée par Entreprise & Carrières, la direction n’a pas donné suite.

Un outil politique

« Ce référendum a été fait sans contrôle, pas comme les élections organisées avec la direction », critique Jacques Monteau, DS adjoint CGT à Toulouse (qui recueille 11 % des voix). SUD Chimie souligne l’absence d’isoloir, d’urne transparente et d’enveloppes. « Un référendum est un outil politique, remarque Laurent Besson-Imbert, secrétaire du CHSCT et DS SUD Chimie (représentatif uniquement sur le site de Toulouse). Suivant la question et la manière de la poser, on peut avoir une validation des personnes plutôt qu’une réponse à la question. » Fin décembre (avant l’annonce par la CFDT d’un référendum sur la signature de l’accord sur les mesures d’accompagnement), cet élu se disait inquiet de cette perspective à cause d’un problème de périmètre : « Si la CFDT signe, elle le fait pour l’ensemble de la R & D, alors que les salariés ne sont pas menacés de la même façon à Paris et à Toulouse », met en garde l’élu SUD Chimie.

Le 16 janvier sont aussi organisées les élections professionnelles sur le site de Sanofi-Toulouse. Un test pour vérifier l’efficacité de la méthode référendaire de la CFDT.

(1) Après l’annonce par Sanofi en juillet 2012 du plan de restructuration de ses activités de R & D en France, Arnaud Montebourg a confié à Jean-Pierre Saintouil une mission d’expertise destinée à proposer des pistes afin de maintenir l’emploi et l’expertise scientifique du site de Toulouse. Son rapport a été publié le 17 mai 2013 : <www.redressement-productif.gouv.fr>

(2) Réunion État-direction-syndicats organisée à la préfecture.

SANOFI

• Activité : industrie pharmaceutique.

• Effectif : 28 000 salariés.

• Implantations : 49 sites dont 9 de R & D.

• Chiffre d’affaires : 34,9 milliards d’euros en 2012.

Auteur

  • CATHERINE SANSON-STERN