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Enquête

LES SALARIÉS DISENT STOP AUX CONCESSIONS

Enquête | publié le : 14.01.2014 | H. H.

Principal syndicat du réparateur de trains d’atterrissage Revima, la CGT ne voulait pas d’augmentation du temps de travail, même contre la reprise des augmentations de salaires. En septembre 2013, les salariés lui ont donné raison à une courte majorité.

Près de Rouen, à Caudebec-en-Caux, Revima, 340 salariés, vit à l’heure de l’embauche d’intérimaires et des heures supplémentaires. « Heureusement qu’on n’a pas accepté que ces heures soient gratuites », glisse à l’occasion Joël Choulant, le délégué CGT. Le directeur du personnel ne manque pas de lui répondre qu’il aurait peut-être, alors, décroché une prime d’intéressement. Le référendum du 18 septembre dernier laisse des traces. Par 52 % contre 48 %, les salariés ont refusé le plan de la direction pour éviter de terminer 2013 avec un déficit de 4,5 à 5 millions d’euros : trois heures de travail en plus par semaine jusqu’à la fin 2013 et deux heures en 2014 non payées, mais en échange d’une relance des augmentations générales après trois ans de blocage : 1,6 % en 2014, 2,5 % en 2015, 2 % en 2016. S’y ajoutaient une dizaine de recrutements, mais les nouveaux embauchés perdaient le 14e mois, legs du temps où l’entreprise appartenait au groupe Air France. Cette consultation faisait suite à un premier accord de réduction des heures de RTT.

Arbitrage

En juin 2013, la CGT (47 % aux dernières élections) refuse de signer le plan de la direction. La CFE-CGC, deuxième organisation (33 %), approuve au contraire le projet. Et souscrit au référendum demandé par la direction pour trancher la question. Une direction qui, sollicitée par Entreprise & Carrières, refuse de reparler de l’épisode. Mais Franck Dirou, délégué CFE-CGC, confirme l’objectif du référendum : « La CGT ne voulant pas signer, il était inutile de chercher un accord majoritaire impossible à obtenir. À travers ce référendum, nous recherchions une cohésion de groupe. D’ailleurs nous l’aurions voulu même s’il y avait eu accord majoritaire. Pour le valider. Sur un tel sujet – l’augmentation du temps de travail – il faut consulter les salariés. Je ne regrette rien. Le syndicaliste que je suis porte le projet collectif. Aux salariés ensuite de faire leurs choix individuels. »

Trois mois plus tard, le référendum tend encore les relations dans l’entreprise, le personnel s’étant partagé grosso modo en deux camps équivalents. Joël Choulant et Franck Dirou, les deux responsables syndicaux, s’entendent sur le résultat concret : « À l’entreprise de trouver d’autres solutions pour que nous avancions tous ensemble ! » Les salaires restent donc bloqués. « Et l’entreprise reste fragile, reconnaît le délégué de la CGT. Elle peut fermer du jour au lendemain. Il nous faut donc décrocher des contrats, mais ce ne sont pas trois heures de travail de plus qui auraient fait la différence. »

Définir des limites

Pour Franck Dirou, le référendum a montré à la direction jusqu’où elle ne pouvait pas aller dans ses demandes aux salariés. Joël Choulant va plus loin : le personnel a aussi indiqué que le métier de la réparation des trains d’atterrissage, parce que chaque cas est unique, ne pouvait entrer dans la logique du lean management suivie par la direction.

REVIMA

• Activité : maintenance de trains d’atterrissage.

• Effectif : 340 salariés.

• Chiffre d’affaires : n. c.

Auteur

  • H. H.