Ravages, la revue qui se définit com­me de « mauvais esprit », s’intéresse à travers tous ses numéros à ce qui, dans la tempête de la modernité, risque de nous submerger. Le travail et surtout ses risques devenus psychosociaux figurent évidemment en bonne place dans la liste des nuisances dont pâtit notre époque. Dans son numéro d’hiver consacré au burn-out, une vingtaine d’auteurs et de plasticiens se penchent sur le problème de l’épuisement professionnel.

Du récit de victimes à l’analyse sociologique du phénomène et de ses causes en passant par le dessin, la photo ou le reportage, la revue décrypte le parcours des combattants de la guerre économique à laquelle se livrent les entreprises à l’échelle mondiale. À côté de l’écho d’une rumeur assourdissante révélant l’impossibilité de travailler dans de bonnes conditions, voire de travailler tout court tant l’entreprise peut rendre malade, quelques sujets marginaux apparaissent, comme l’analyse d’un film sur la prostitution ou l’interview d’un photographe qui traque les déchets de notre société de surconsommation; et aussi la reprise de passages des écrits de la philosophe Simone Weil, qui fit l’expérience du travail en usine et de ses cadences infernales.

Nous sommes manifestement très loin, avec ce recueil composite, des analyses du tra-vail, mais, justement, l’effet de juxtaposition d’une pluralité d’approches est saisissant : comme s’il s’agissait en quelque sorte de remuer le couteau dans la plaie pour qu’on ne puisse pas supposer qu’elle cicatrisera d’elle-même.

Burn-out

Ravages, n° Hiver 2013, Nova éditions, 160 pages, 15 euros.