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Malgré l’approbation des salariés, l’accord passe mal

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 28.01.2014 | HUBERT HEULOT

En juillet, 60 % des salariés ont approuvé l’accord de sécurisation de l’emploi de Walor. En décembre, 20 % d’entre eux ont choisi de quitter le spécialiste en usinage et décolletage. Le bilan économique est positif, le bilan social, mitigé.

Éric Lorin, Pdg du groupe Walor, ne regrette pas l’accord signé le 19 juillet dernier dans son établissement de 102 salariés, à Legé en Loire-Atlantique. « Nos budgets sont bons pour 2014 : 150 000 euros de bénéfices prévus. » Mais il reconnaît « un climat social difficile, c’est clair ».

Ce 19 juillet, un accord de sécurisation de l’emploi est signé pour deux ans par la CFDT, seul syndicat de l’entreprise, après le vote favorable de 60 % des salariés. Il remplace le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) du mois de février planifiant 26 licenciements. L’accord prévoit 100 000 euros d’investissements supplémentaires dans les deux ans. Mais les sacrifices consentis par les salariés sont importants : suppression de la plupart des primes pour les salaires au-delà de 1,2 smic (maintien du salaire en-deçà); travail un week-end sur quatre pour faire tourner les machines sept jours sur sept. « Sans consolidation de l’emploi, nous craignions une fermeture prochaine », plaide Luc Chéreau, un des négociateurs, responsable régional de la CFDT pour la métallurgie.

Emploi préservé

Six mois plus tard, le fabricant entre autres d’éléments d’airbags pour l’industrie automobile, compte tout de même 21 salariés en moins. Ils ont refusé l’accord et préféré quitter l’entreprise. « C’est moins que les 40 % qui avaient voté contre, remarque Éric Lorin. L’accord a préservé le dialogue social dans l’entreprise. Nous avons mis en place une organisation de la production rentable qui nous permet d’espérer rebondir sur le marché tout en préservant l’emploi pour tout le monde. Malgré cela, certains préfèrent partir. Je le regrette et j’ai tout fait pour les retenir. » Car autant dans un PSE le nombre de départs est fixé, autant l’accord de sécurisation ouvre cette possibilité à tous. Gros bémol donc : cette suite de départs va finir par coûter « aussi cher en indemnités que le PSE et a retardé de six mois la réorganisation industrielle », explique le Pdg.

Par ailleurs, l’organisation en sept jours sur sept a été revue. « Ça coinçait sur les week-ends », reconnaît Luc Chéreau. Le travail du dimanche matin, en particulier, a été mal vécu par les salariés. Les sept jours sur sept revenaient également trop cher à l’entreprise. Ils ont été ramenés à six sur sept.

Malgré cette correction, certains salariés n’ont jamais accepté l’accord. Ils ont exercé une très forte pression depuis le début sur les délégués syndicaux. L’un d’eux ne l’a pas supporté. Il est, de ce fait, en arrêt maladie. « Cela renvoie à notre capacité de syndicalistes à bien négocier et à bien expliquer ce que nous faisons. Là, nous n’avons pas manqué de proximité avec les salariés. Nous les avons consultés pendant la négociation, à chaque scénario imaginé en matière d’horaires. Et le vote favorable n’a pas été acquis de justesse », souligne Luc Chéreau. Pour le Pdg, il faut retenir que « le dialogue social ne se fait pas seulement avec les responsables syndicaux mais que ces derniers doivent être bien préparés parce qu’ils restent en première ligne, face aux salariés, une fois l’accord passé ».

Embauches envisagées

Le redéploiement industriel commence maintenant. Des productions ont cessé à Legé mais une machine revient de la filiale roumaine du groupe pour en démarrer d’autres. Après les départs intervenus, une quinzaine d’embauches sont envisageables. Le Pdg espère faire rebondir sa filiale française sur le marché et retrouver un meilleur climat social.

Auteur

  • HUBERT HEULOT