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DISCRIMINATIONS : LA CRISE FREINE LES AVANCÉES

Actualités | publié le : 11.02.2014 | DOMITILLE ARRIVET

Le 7e sondage du Défenseur des droits et de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les discriminations au travail affiche des résultats mitigés.

En matière de lutte contre les discriminations, le fossé persiste entre les bonnes intentions et les actions concrètes. Certes, le sondage Ifop* sur la perception des discriminations au travail en France, rendu public le 3 février, pointe que la lutte contre cette injustice est une idée qui fait son chemin dans l’entreprise : en 2009, les salariés du privé n’étaient que 57 % à considérer ce thème important, alors qu’en 2013, ils étaient 73 % à y attacher une attention primordiale. Mais, malgré cette avancée psychologique, 36 % des salariés du privé n’ayant jamais été victimes de discriminations craignent de l’être un jour (28 % en 2012). Et 29 % l’ont déjà été.

Les deux premiers risques de discrimination, cités par plus de 80 % des salariés, sont la grossesse et l’âge (au-delà de 55 ans). « Pourtant, la question de la maternité est beaucoup moins au cœur des débats que celle des seniors », souligne Jérôme Fourquet, directeur de département à l’Ifop. Viennent ensuite l’obésité et le handicap (60 %), puis l’adresse (51 %), l’origine (50 %) et la syndicalisation (48 %).

Relations tendues

Qui sont les responsables de ces discriminations ? La direction, selon 46 % des salariés du privé, et, d’une manière générale, la hiérarchie, bien davantage que les collègues ou que les clients. « Les premiers fautifs sont cependant moins cités que les années précédentes, alors que la perception de discriminations provenant des clients, des fournisseurs ou des collègues de travail devient plus importante. Preuve que la crise tend les relations sociales », note l’Ifop.

Si, pour signaler un préjudice, les victimes utilisent encore les vecteurs d’alerte traditionnels que sont les organisations syndicales ou l’inspection du travail, ces intermédiaires ont perdu du crédit à leurs yeux (- 10 points par rapport à l’an dernier), et 40 % des victimes interrogées déclarent encore se taire, par résignation ou par peur des représailles…

Une situation qui risque de perdurer, d’après Jean-François Trogrlic, directeur de l’OIT en France : « La montée en puissance de la crise entraîne davantage d’insécurité parmi la population et au sein du salariat. La hausse du chômage est constante depuis 2009, et elle va continuer. C’est un contexte propice à l’exacerbation des discriminations. Chez les jeunes notamment, dont le taux de chômage est le double de celui des “adultes” partout dans le monde », regrette-t-il.

Pourtant, la jeunesse est considérée par 42 % des salariés du privé comme le seul critère avantageux pour être embauché et évoluer professionnellement. Mais 39 % admettent avoir été témoins du recrutement d’un jeune sur un emploi inférieur à ses compétences ou à son niveau de qualification, et 39 % ont constaté un recours abusif à de jeunes stagiaires.

* Réalisé en décembre 2013 auprès d’un échantillon de 1 000 salariés représentatifs de la population française, la moitié exerçant dans le privé, l’autre dans la fonction publique.

Les hommes et les salariés des PME moins sensibles

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à affirmer avoir été victimes d’une discrimination : 33 % dans le privé comme dans le public, soit respectivement 8 points et 6 points de plus que leurs homologues masculins. De même, les salariés d’entreprises employant plus de 250 personnes sont plus nombreux à déclarer avoir été victimes de discriminations que dans les structures de plus petite taille : 37 % à 38 %, soit 8 à 9 points de plus que sur l’ensemble du panel. À noter également que, plus l’ancienneté d’un actif augmente, moins ce dernier fait état de discriminations : 33 % des salariés dont l’ancienneté est inférieure à cinq ans disent avoir été victimes d’une discrimination, soit 8 points de plus que ceux qui sont dans la structure depuis dix ans ou plus. Même constat dans la fonction publique, où 36 % des agents avec moins de cinq ans d’ancienneté se déclarent victimes de discriminations, soit 7 points de plus que ceux dont l’ancienneté a dépassé dix ans.

Auteur

  • DOMITILLE ARRIVET