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Enquête

LE VARIABLE DE LA DISCORDE

Enquête | publié le : 25.02.2014 | N. L.

Adopté par 80 % des salariés, le nouveau système de RV à Adecco est critiqué par les syndicats pour son impact sur le pouvoir d’achat. La direction envisage quelques ajustements mais conteste toute réduction de l’enveloppe globale.

E n avril 2013, la plupart des syndicats d’Adecco France appellent à la grève contre le nouveau système mensuel de rémunération variable tout juste entré en vigueur, après un plan de 530 départs volontaires en 2012. En cause, selon eux : un manque à gagner programmé sur les bulletins de paie.

Pour la direction, « les agences ne peuvent distribuer un variable que si elles sont rentables, souligne Nicolas Caillot, directeur rémunérations, paie et SIRH du groupe. Ce n’était pas le cas fin 2012 pour un peu moins du tiers d’entre elles, d’où la nécessité d’améliorer leur performance. Mais nous voulions aussi rendre plus équitable la répartition du variable entre les collaborateurs occupant la même fonction, afin qu’un responsable de recrutement, par exemple, pèse dé-sormais le même poids sur tout le territoire ».

Deux éléments du calcul modifiés

Contesté par le CCE mais validé par le juge, le nouveau dispositif modifie deux éléments entrant dans le calcul du variable, lequel peut représenter quelques centaines d’euros par mois. D’abord, les frais de structure (du siège, de la direction opérationnelle et de la zone) ne sont plus forfaitaires, mais représentent un pourcentage en fonction du chiffre d’affaires. « Ce qui désavantage les grosses agences, relève Alain Butigieg, DSC CFDT. Elles réduisent déjà beaucoup leurs marges pour décrocher de gros contrats et risquent de passer dans le rouge. Ces frais de structure ont explosé en quelques mois. »

La rémunération des capitaux en hausse

Ensuite, la rémunération des capitaux employés (actionnaires) passe de 6 % à 10 %, « un taux plus conforme au marché », concède un délégué syndical, sur la base du rapport annuel d’expertise comptable.

Pour convaincre les salariés et faciliter la transition vers le nouveau système, la direction multiplie les communications, ouvre des espaces d’échanges et s’engage à verser au moins 70 % de l’ancien variable pendant un an. « En moins d’un an, 80 % des effectifs ont signé un avenant à leur contrat, ce qui est très positif », assure Nicolas Caillot. « De nombreux salariés ont eu peur des représailles, proteste Arnaud de Brienne, DSC CFE-CGC. Et pour accroître le nombre de signataires, la direction a aussi annoncé qu’elle intégrait une partie du Cice [crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, NDLR] dans le calcul du variable. Mais sans garantie sur l’après-Cice. »

« Une majorité de signataires sont pénalisés par le nouveau système, estime Béatrice Cluzel, DSC FO. La direction n’a pas encore communiqué sur le sujet, mais nous savons que certains salariés ont perdu plusieurs centaines, voire milliers d’euros par an. Notamment dans les agences délestées de certaines activités rentables, réparties sur d’autres sites. »

« L’enveloppe variable globale est stable dans une conjoncture difficile, répond Nicolas Caillot. Et nous sommes bien positionnés par rapport à la concurrence puisque, à fin 2012, nous étions situés à 103 % de la médiane de rémunération du marché, en comptant le fixe et le variable. » Ce n’est donc pas le montant de l’enveloppe qui pose problème, mais bien sa répartition entre les salariés.

Plusieurs dizaines d’opérations nécessaires

Autre grief : la complexité du nouveau dispositif. « À partir des états de gestion mensuels de chaque agence, il faut désormais effectuer plusieurs dizaines d’opérations pour espérer réussir à calculer les variables individuels, affirme Hervé Martin, DSC CGT (premier syndicat). Avant, chacun pouvait anticiper ce qu’il allait percevoir. » Sans compter que deux systèmes de rémunération cohabitent dans de nombreuses agences, en fonction du choix exprimé par les salariés.

La direction va procéder à quelques ajustements en 2014. Elle va mettre au point un guide des rémunérations plus détaillé et aider les agences à optimiser leur rentabilité. Les salariés qui passent d’une agence classique à une agence PME, tout comme ceux dont certains clients sont répartis sur d’autres sites, devraient aussi bénéficier d’un maintien provisoire de leur variable, partiel, voire total, selon les cas. « Une garantie limitée à un an », regrettent les délégués syndicaux, qui réfléchissent à une riposte sur un autre terrain. Le niveau de la redevance de marque versée au siège suisse serait exagéré, selon plusieurs d’entre eux, amputant artificiellement les résultats et donc le variable.

ADECCO FRANCE

• Activité : intérim, recrutement.

• Effectif : 4 022 salariés (hors intérimaires) fin 2013.

• Chiffre d’affaires 2012 : 4,76 milliards d’euros.

Auteur

  • N. L.