Les Français sont fâchés avec l’Europe. Et les élections européennes de mai risquent bien de consacrer la Berezina de l’idée européenne chez nos concitoyens mais pas seulement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que José Bové jette de l’huile sur le feu avec ce livre sur les lobbies tapis au cœur de l’Europe. Non seulement, selon lui, comme on commençait à s’en douter, l’Europe n’est pas une institution transparente et l’Europe sociale est à la traîne, non seulement des technocrates décident, sans l’avis des citoyens, de réformes qui les intéressent au premier chef, mais encore cette absence de démocratie au sein de l’Europe représente une véritable captation d’une institution destinée à servir la prospérité des peuples. Et ce au profit des intérêts du grand capital qui, lui, a les moyens de se faire entendre à Bruxelles via ses réseaux d’influence. Acheter le vote des députés de 1 000 faveurs semble une pratique des plus courantes. Alors qu’on se soucie si peu de l’avis des administrés, qu’on n’a pas hésité dans plusieurs pays à passer en force quand les citoyens, par référendum avaient manifesté leur désaccord, les affaires vont bon train au sommet de l’Union. Pourtant, comme le précise Daniel Cohn-Bendit dans sa préface, c’est au nom d’un « bien commun à défendre » contre les intérêts privés que José Bové part en guerre contre la corruption. L’idée pour lui n’est pas de nous inciter à sortir de l’Europe mais bien de batailler pour que celle-ci tienne ses promesses. Une position qui cherche à lutter contre le fatalisme politique consistant à dire que les peuples et les États sont désormais impuissants face aux groupes d’intérêts économiques.

Hold-up à Bruxelles

José Bové, éditions La Découverte, 223 pages, 17 euros.