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INVIVO HARMONISE SES PRATIQUES D’INTÉRESSEMENT

Pratiques | publié le : 29.04.2014 | LAURENT POILLOT

Le groupe coopératif agricole a mis un an pour remplacer 12 accords par un seul dispositif pour l’ensemble de ses 3 000 salariés en France.

Trente sociétés, cinq conventions collectives et deux systèmes de protection sociale : la croissance du groupe coopératif agricole InVivo a rendu son pilotage complexe. Dès 2010, la direction a pris le parti d’organiser l’entreprise en quatre familles d’activités : agro (production de semences), grains (stockage et trading de céréales), nutrition animale et distribution. Chacune d’elles coiffe une grande diversité de filiales, dont l’effectif oscille entre 10 et 800 salariés. Difficile, dans ces conditions, d’avoir une politique de rémunération homogène.

Une structure d’épargne commune

Pourtant, le 31 décembre dernier, InVivo a conclu deux accords d’intéressement et de participation scellant une structure d’épargne salariale commune aux 3 000 salariés du groupe en France. « Nous avons enfin un dispositif harmonisé et équitable, qui en remplace douze d’inégale attractivité », se félicite le DRH, Sébastien Graff, qui explique s’être formé pour l’occasion auprès de spécialistes en rémunération, afin de se « centrer sur la négociation sans perdre de temps sur la partie technique ».

Quatre syndicats sur cinq ont signé l’accord de participation sur le périmètre groupe. Et trois d’entre eux ont également ratifié celui, plus sophistiqué, de l’intéressement : la CFDT, la CFTC et FO – qui atteignent ensemble 70 % de l’audience syndicale, selon la direction. « La négociation a été fluide », estime Sébastien Graff. Mais il a dû faire face à la diversité des avis sur l’intéressement. « Les points de vue n’étaient pas les mêmes d’un dirigeant à un autre, ni même au sein de chaque syndicat, tant les dispositifs étaient hétérogènes. »

Le DRH a, du coup, mené de manière parallèle les discussions préparatoires avec plusieurs groupes de travail : celui des représentants de salariés mandatés pour s’exprimer au nom de leur organisation syndicale ; celui des directeurs administratifs et financiers ; celui des responsables opérationnels et fonctionnels ; celui, enfin, de la direction générale, qui portait la responsabilité financière et validait les travaux techniques des DAF et de la coordination syndicale. Ces groupes ont eu pour tâche de proposer des indicateurs. « Nous les avons laissés libres de poser leurs critères. Mais pour chaque objectif local, il fallait se soucier de le rendre cohérent et équitable vis-à-vis de l’ensemble du groupe. »

Trois niveaux de performance

Cet exercice de pondération a duré plusieurs mois. L’entreprise a finalement retenu trois niveaux de performance pour le versement de l’intéressement : celui du groupe (à hauteur de 40 %), celui de la famille d’activité (15 %) et celui des différentes entités juridiques de rattachement (45 %). Sauf pour les directions fonctionnelles du groupe, dont l’intéressement dépend à 40 % de la part groupe et à 60 % de l’entité de rattachement.

Au niveau du groupe, l’indicateur retenu a été le résultat net part du groupe. Pour un objectif de résultat net de 18 millions d’euros pour l’exercice 2013-2014, la part de l’intéressement sera équivalente à 2,8 % de la masse salariale de l’entreprise. Au niveau des activités, chaque famille a choisi un indicateur spécifique, financier ou opérationnel. InVivo Agro, par exemple, a adopté le ratio du coût de main-d’œuvre par rapport à la valeur ajoutée. L’intéressement correspondant a été fixé à 1,05 % de la masse salariale.

Atteinte d’objectifs

Restait à négocier les indicateurs des sociétés. « Les propositions des DAF ont été attentivement examinées par des experts choisis par les représentants de salariés. Ils ont été des facilitateurs », soutient Sébastien Graff. À l’égard des collaborateurs des filiales structurellement déficitaires – car conçues pour rendre des services, comme la R & D –, il a été décidé de leur constituer une enveloppe distribuable en cas d’atteinte de leurs objectifs (satisfaction des clients, productivité, etc.). Enfin, l’accord mixe une répartition proportionnelle à la rémunération perçue sur la période de calcul (60 %) et au temps de présence (40 %).

Yves Baron, délégué central CGT, n’a pas approuvé le projet : « La prime d’intéressement est inéquitable. Elle est aléatoire et déséquilibrée, selon que les entreprises du groupe font du profit, ou pas. Nous demandions, nous, le versement d’un 14e mois. » Sébastien Graff, lui, veut croire que la clause de revoyure, qui a été incluse dans l’accord, ajustera les déséquilibres. Son prochain objectif : mettre en place un plan d’épargne groupe pour remplacer la douzaine de PEE existants. Plus de 27 millions d’euros sont capitalisés sur ces fonds.

Auteur

  • LAURENT POILLOT