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Enquête

LES HOMMES AUSSI VEULENT POUPONNER

Enquête | publié le : 20.05.2014 | E. F.

Pourquoi certains hommes partent-ils en congé parental ? Pour les mêmes raisons que les femmes : voir leurs enfants grandir, faire des économies de nounou et parce que leur conjointe veut continuer de travailler, révèle une étude menée auprès de postiers.

En 2012, l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) a mené une étude, pour le compte de La Poste, auprès de salariés hommes en congé parental d’éducation (CPE). Les hommes (qui représentent moins de 5 % des congés parentaux en France) sont rarement interrogés sur les raisons qui les ont conduits à arrêter de travailler.

« L’objectif de l’étude est d’augmenter la proportion d’hommes en congé parental, de s’assurer qu’ils ne sont pas discriminés et de faire connaître le dispositif », rappelle François Fatoux, délégué général de l’Orse. Celle-ci était prévue dans l’accord sur l’égalité professionnelle d’avril 2011 de l’entreprise publique ; 80 postiers ont répondu.

À La Poste comme ailleurs, le congé parental reste une affaire de femmes. Sur les 12 000 congés parentaux pris par des postiers entre 2009 et 2013, seuls 4,6 % l’ont été par des hommes. Il s’agit essentiellement de facteurs, de guichetiers et de conseillers financiers, en congé pendant vingt mois en moyenne, dans presque la moitié des cas pour leur deuxième enfant. Dans 69 % des cas, le postier gagne moins que sa conjointe.

Il n’est donc pas surprenant que l’objectif de prendre du temps pour élever son enfant, évoqué par 95 % des répondants, soit immédiatement suivi par la question des frais de garde et de l’absence de places en crèche (51 %). Les postiers avancent ensuite le souhait de leur conjointe de rester présente dans sa vie professionnelle (41 %), leur propre insatisfaction au travail (38 %) et l’organisation de leur travail (34 %).

Aucun ne déclare avoir rencontré des difficultés pour bénéficier du CPE, même si une petite minorité relève que leur démarche a été mal accueillie par leur hiérarchie ou par leurs collègues. La grande majorité n’a d’ailleurs pas coupé les ponts, puisque sept sur dix ont eu des contacts avec l’entreprise pendant leur congé. Seulement 10 % des postiers déclarent que leur retour de CPE s’est fait dans de mauvaises conditions.

Préjudice professionnel

Ils tirent tous de cette expérience un bilan positif à titre personnel. Mais 42 % estiment qu’elle leur a été préjudiciable sur le plan professionnel. Ils évoquent le difficile retour au travail et l’impact sur la carrière et sur la rémunération. Un point que ne manque pas de relever Aline Guérard, secrétaire fédérale de la F3C CFDT, en charge de l’égalité professionnelle à La Poste. En revanche, elle remarque avec satisfaction que « les hommes en CPE ont pris conscience de la lourdeur des tâches domestiques ». Selon elle, le prochain accord sur l’égalité professionnelle, en cours de négociation, « devra faire un focus sur le congé parental ».

« 95 % de congés parentaux pris par des femmes, ce n’est pas satisfaisant », conclut-elle.

Auteur

  • E. F.