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INTERMARCHÉ CRÉE UNE UNIVERSITÉ INTERNE INDUSTRIELLE

Pratiques | publié le : 20.05.2014 | LAURENT POILLOT

L’entreprise de distribution veut se doter d’un outil de formation pour les 61 usines de son pôle industriel. Objectif : lier le développement des compétences et l’attachement à l’entreprise.

Début avril, les 61 RRH du groupement Intermarché se sont réunis au siège de Bondoufle (Essonne) pour se voir présenter le projet d’une université interne. Du jamais-vu, de mémoire de Mousquetaires. Le groupement Intermarché s’est attelé, depuis deux ans, à la réorganisation de son pôle industriel en onze divisions, qui sont autant de spécialités agroalimentaires. Jusqu’ici, les 61 sites de production, filiales du groupe de distribution, organisaient leur gestion sociale en toute indépendance les uns vis-à-vis des autres. Le groupement leur demande désormais de faire converger leurs pratiques dans une optique d’intégration des coûts, par exemple en matière de paie. Premier jalon de son offre RH, en cours d’élaboration : le lancement d’une formation de “manager de la performance industrielle”, pour 15 personnes.

Créer un sentiment d’appartenance

Le DRH nommé il y a deux ans à la tête du pôle industriel d’Intermarché, Bernard Marie, est un ancien RRH de Veolia, où il a participé à l’élaboration de l’université interne. Rebelote, une fois passé dans la grande distribution : il a gardé l’idée que la formation devait simultanément « élever les compétences et créer un sentiment d’appartenance de groupe ».

D’où son choix de travailler à la création d’une université interne. À l’étude : une formation de “manager de la performance industrielle” sur mesure, de niveau II, découpée en trois grands modules : connaissance des produits, techniques de production et performance industrielle (méthodes de lean management). L’entreprise combine formations en intra et en interne. En intra : elle confie à l’Ifria (Institut de formation par l’apprentissage) le développement et la coordination de l’organisation des parcours de formation aux produits et aux process; et à l’école Pop, spécialisée dans le lean management, le module sur le “lean durable”. Ces deux organismes, basés respectivement à Quimper et à Nantes, ont été choisis pour leur proximité avec les sites de production : 80 % des effectifs de production sont implantés en Bretagne.

Les formations aux techniques de production, quant à elles, sont confiées en interne à un petit groupe de formateurs du siège et des usines. Au total, les 15 stagiaires (encore en cours de recrutement) effectueront 40 heures de formation, entre l’automne 2014 et la fin 2015.

« La formation théorique aura lieu toutefois au siège », avertit Bernard Marie. Mais le projet sera tutoré par des responsables de production, de sorte que les stagiaires pourront pratiquer dans plusieurs sites. En effet, chacun d’eux apprendra le métier de responsable de production dans trois lieux différents, sera tutoré à chaque fois et aura ainsi une expérience de la mobilité. Six usines ont été référencées.

Vivier de managers

La direction d’Intermarché souhaite que ces parcours soient validés par des diplômes. Elle étudie la possibilité d’un partenariat de VAE sur la licence pro d’agroalimentaire de l’université Bretagne Ouest.

Pour l’heure, le DRH a lancé un appel à volontariat via son réseau RH. Objectif : créer un vivier de managers capables de prendre les rênes d’un site en cas de besoin. Et surtout de rester fidèles à l’entreprise. Profils recherchés : des agents de maîtrise ayant une expérience d’au moins deux ans en management d’équipe et intéressés par une mobilité fonctionnelle ou géographique. Au total, le budget de cette préfiguration d’université interne s’élèvera à 500 000 euros pour 15 stagiaires, tous coûts confondus. Le DRH a prévu plusieurs leviers de cofinancement. Il espère 150 000 euros d’Opcalim et 100 000 euros de la Direccte Ile-de-France (via un appel à projets Edec).

Autre soutien pressenti : la région Ile-de France (car le demandeur est en Essonne), qui pourrait abonder à hauteur de 30 % du projet, au titre de sa promotion de la charte nationale des industries agroalimentaires (qui prévoit des engagements de conditions de travail, de GPEC, d’emploi attractif et de mobilité choisie). Si Bernard Marie réussit son pari, 80 % du projet sera financé par ces soutiens.

Auteur

  • LAURENT POILLOT