logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

« UNE CENTRALE D’ACHATS INTER-OPCA S’IMPOSERAIT AU MARCHÉ »

Enquête | publié le : 08.07.2014 | L. G.

Image

« UNE CENTRALE D’ACHATS INTER-OPCA S’IMPOSERAIT AU MARCHÉ »

Crédit photo L. G.

L’idée d’achats collectifs est une demande forte de la part des entreprises adhérentes des Opca, y compris des grands groupes, qui y auront intérêt si les conditions qui en découlent sont plus avantageuses que celles qu’ils obtiennent en direct, estime le directeur du cabinet Paradoxes, spécialiste de l’optimisation des services de formation.

E & C : La loi donne une mission de contrôle de la qualité aux financeurs Opca et régions, qu’en pensez-vous ?

P. J. : C’est malin, intelligent et légitime. Les régions réalisent 20 % de la dépense totale en formation et les Opca 50 % des dépenses des entreprises. Aide au repérage du marché, à l’achat, à l’évaluation pour les entreprises comme pour les individus à terme : il est logique que les Opca cherchent tous à développer ces nouveaux services, même s’ils ne sont pas au même degré de maturité.

Ce développement des services d’aide à la vérification de la qualité par les Opca est d’autant plus nécessaire que le nombre de prestataires n’a jamais été aussi important : 58 000, même si on sait que 5 000 organismes représentent 80 % du marché.

Cependant, attention, une action de formation est protéiforme, coconstruite entre un prestataire et un apprenant. Acheter de la formation, c’est acheter de la confiance et de l’engagement, et ce n’est jamais acheter de la sécurité : ceci n’existe pas. Il est difficile de reprocher à un prestataire d’avoir bien répondu à une mauvaise question.

E & C : Jusqu’où serait-il possible de pousser les logiques de contrôle a priori ?

P. J. : Pousser à l’extrême la logique de contrôle des moyens a priori est toujours compliqué. Il faut cesser le contrôle sur le mode de la suspicion qui rigidifie l’action, alors même que les principes de Mooc ou d’apprentissage communautaire se développent. Si le résultat est atteint, peu importent les moyens. S’il n’est pas atteint, on regarde les moyens mis en œuvre. L’enjeu est de développer un contrôle qualité des prestations et de leurs impacts, et c’est là qu’il faut mettre de l’énergie.

Un processus qualité se regarde à plusieurs niveaux : avant et après la séquence pédagogique. Aujourd’hui ressort le débat, qui dure depuis des décennies, de savoir si on est dans un marché libéral où la satisfaction du client prime et fait office de label qualité ; ou si on est sur un marché à autorisation et habilitation préalables de la structure ou de la personne, comme dans plusieurs métiers – coiffeurs, professeurs… Ce débat n’est toujours pas tranché ! Il faut décider et en tirer les conséquences.

Sur la certification a priori des prestataires, des processus pédagogiques ou des formateurs, différents indicateurs existent déjà – ISO, Afnor, OPQF… Il est vain de penser pouvoir aller plus loin, et peu d’innovations sont à attendre.

E & C : En quoi les Opca peuvent-ils aider l’entreprise, voire le citoyen, à choisir, à acheter et à évaluer les formations ?

P. J. : C’est bien la question. Aujourd’hui, les grandes entreprises ont des années de recul et de retour sur les prestataires formation. Pour les Opca, en revanche, l’évaluation des performances des fournisseurs est très peu intégrée. De même à Pôle emploi : dans ses appels d’offres, l’acteur public n’a pas le droit d’intégrer ce qu’il sait des bilans des prestataires utilisés au cours des années passées !

Sur la base des missions de conseil que nous menons dans trois Opca, trois niveaux sont envisageables. Niveau 1, l’information: dire quel type de prestataire existe et où il se trouve. Niveau 2, le conseil : produire des kits d’appels d’offres et d’achat, des outils d’évaluation et de repères, de labélisation, etc. pour les entreprises. Niveau 2 bis : les aider à mener ces appels d’offres, à utiliser ces kits, etc. Niveau 3, la gestion pour le compte des entreprises : cahiers des charges, appels d’offres, catalogue, labélisation, panélisation, signature de contrat-cadre, etc. Et, à terme, monter une centrale d’achats pour les entreprises adhérentes. Imaginons plusieurs Opca s’unissant pour créer une centrale d’achats commune, vu leur poids, ils s’imposeront au marché. Or cette idée d’achats collectifs est une demande forte de la part des entreprises adhérentes des Opca, y compris des grands groupes, qui y auront intérêt si les conditions ainsi obtenues sont plus avantageuses que celles qu’ils négocient en direct. Sur l’évaluation de la formation, au-delà du constat des appréciations à chaud et à froid, le digital permet aujourd’hui d’informer massivement à la suite d’une expérience : recommandation personnelle, “liking” collectif, étoiles décernées… Les Opca vont certainement travailler sur ces possibilités.

Auteur

  • L. G.