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L’enquête

MAIRIE DE RUEIL-MALMAISON : Théâtre et formation révèlent les handicaps cachés

L’enquête | publié le : 23.09.2014 | L. G.

Entre 2009 et 2013, le taux de travailleurs handicapés employés à la mairie de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) est passé de 1,36 % à 6,5 %.

Sur 2 000 fonctionnaires et contractuels embauchés depuis plus de six mois, la ville de Rueil-Malmaison compte actuellement 120 travailleurs reconnus handicapés. Ce qui fait passer le taux de travailleurs handicapés à 6,5 % aujourd’hui, contre 1,36 % en 2009. Et encore ne compte-t-on dans ce chiffre que le taux d’emploi direct. Le taux d’emploi indirect (sous-traitance, achats auprès du STPA…) reste encore faible (5 800 euros d’achats par an auprès du STPA) et laisse une marge de progression.

SIGNATURE D’UNE CONVENTION

Comment la municipalité de Rueil-Malmaison explique-t-elle cette croissance rapide ? Par la jonction d’une volonté des élus (celle du maire Patrick Ollier et celle de Carole Ruckert, son adjointe aux ressources humaines et à la formation) et d’un important travail technique de fond. En 2009, la ville fait deux choix importants. Elle embauche une chargée de mission ad hoc qui réalise un diagnostic, et qui signe une des toutes premières conventions avec le fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). La convention est renouvelée en 2013.

Dès 2009, Julie Boutin, chef de service Prévention et conditions de travail, chargée de mission handicap, mène un intense travail de sensibilisation, d’information et de communication sur le maintien en emploi des travailleurs handicapés, afin notamment que les agents qui n’ont pas déclaré de handicap se fassent connaître pour bénéficier d’aide, d’une formation ou d’un reclassement. Action phare : une opération menée avec Théâtre sur mesure. Des travailleurs handicapés écrivent des saynètes sur leur perception de leur intégration dans les services : réticences, fausses idées, incompréhensions, moments de rigolade… Ils jouent ces situations sur scène devant les encadrants et les élus. Puis l’ensemble est repris par des comédiens pour le présenter à tout le personnel de la mairie : 11 représentations sont ainsi données, suivies de débats avec la salle…

« Montrer les idées reçues, montrer que le handicap est souvent invisible », explique Julie Boutin. Bilan : 75 % des 120 agents reconnus travailleurs handicapés sont des personnes ayant révélé leur situation au cours des actions menées dans le cadre de la convention. D’ailleurs, une aide au montage de dossier de reconnaissance leur est proposée, et elle est acceptée dans 90 % des cas.

DÉCOUVERTE DES MÉTIERS

Autre pilier de l’action : une importante politique de formation. Après un bilan de compétences systématique mené avec le CIG de Pantin, les personnes repérées bénéficient d’une formation interne de reclassement de 29 jours répartis sur un an avec le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale, lire aussi l’encadré), à raison de trois jours par mois.

Les thématiques abordées sont : faire le deuil du métier, découvrir la mobilité, découvrir les métiers de la fonction publique, acquérir des compétences polyvalentes en accueil, bureautique, écrits administratifs, construire son projet professionnel… À cela peuvent s’ajouter vingt jours de formation de remise à niveau.

L’ensemble de ces mesures serait vain sans un important travail d’accompagnement : définition du nouveau poste selon les affinités des personnes et les possibilités d’accueil des services, mise en sureffectif systématique pour faciliter les rotations sur des postes non vacants, ce qui permet de soulager le service sans le bousculer pendant l’intégration du travailleur handicapé… Stage d’intégration de six mois à une année et demie, sur la base d’une convention tripartite DRH, agent, service. « Il faut montrer que l’investissement est valable aussi pour les services », analyse Julie Boutin. Pour les agents rencontrant des difficultés dans les métiers administratifs et pour ceux atteints de troubles psychiques, la mairie a construit une sorte de service adapté interne, réalisant de la mise sous pli, de la saisie, etc. Neuf agents qui ne peuvent être occupés à 100 % y travaillent.

L’ensemble de ce plan d’actions a été financé à hauteur de 580 000 euros par la mairie, qui a reçu une subvention du FIPHFP de 750 000 euros sur trois ans. Le même montage a été renouvelé dans la nouvelle convention. « 95 % des dépenses passent dans les actions », conclut Julie Boutin.

Équivalence de diplômes dans la fonction publique territoriale

Depuis le 1er juillet, les personnes reconnues travailleur handicapé souhaitant obtenir une intégration sans concours dans une collectivité territoriale, et quel que soit le cadre d’emploi, peuvent déposer des dossiers de candidature et d’équivalence auprès de la toute nouvelle commission d’équivalence de diplôme du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT)*.

La commission d’équivalence de diplôme placée auprès du CNFPT est chargée d’instruire les demandes de personnes souhaitant s’inscrire à certains concours de la fonction publique territoriale sans posséder le diplôme requis. Elle assure et centralise le traitement de ces demandes, ainsi que celles concernant les diplômes étrangers.

La commission d’équivalence des diplômes de la Direction générale des collectivités locales (DGCL) a en effet transféré ses compétences de traitement des demandes concernant les diplômes étrangers au CNFPT. Il n’y a plus désormais qu’une seule commission.

* CED, 80 rue de Reuilly, CS 41232, 75578 Paris.

<www.CNFPT.fr> rubrique Évoluer, la commission d’équivalence de diplômes.

Auteur

  • L. G.